Métrique en Ligne
LOR_2/LOR120
Jean LORRAIN
LA FORÊT BLEUE
1883
LA FORÊT BLEUE
SONNETS MORNES
UMBRA
LE PUITS QUI CHANTE
A CHARLES BAUDELAIRE
Las de trouver au gîte une femme méchante, 12
Les soirs, quand il rentrait harassé du labour, 12
Il allait, le pauvre homme, à pas lents dans sa cour 12
S'asseoir au large bord dallé du puits qui chante. 12
5 Le front calme, attentif à la chanson touchante 12
Des rêves éclipsés et des heures d'amour, 12
Le pauvre homme attendri venait la chaque jour 12
Pris aux voix du passé, dont l'écho seul enchante. 12
Il y vint tant de fois que l'aube à son retour 12
10 Un matin l'y trouva mort. Admirant son zèle 12
Et l'exemple nouveau d'un trépas si fidèle, 12
J'avais pris dans mes mains cet humble front trop lourd, 12
Quand sa femme accourue au bord de la margelle, 12
Me dit : « Ne pleurez pas, le pauvre homme était sourd. » 12
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