Métrique en Ligne
LOR_2/LOR118
Jean LORRAIN
LA FORÊT BLEUE
1883
LA FORÊT BLEUE
ÉPILOGUE
A MON ONCLE ET AMI ALEXANDRE MULAT
Novembre, il pleut : la terre est grasse. 8
Le chemin des bois détrempé 8
Enfonce et les bœufs, tête basse, 8
Le dos courbé, 4
5 Vont traînant leur démarche lasse 8
Entre les tas de bois tombé. 8
Sous un ciel gris et fin d'automne, 8
Encor plein d'eau, 4
Un vieux bouvier les aiguillonne 8
10 Et son chapeau 4
De feutre vole et tourbillonne 8
Avec le vent clans son manteau… 8
Voici l'hiver et la misère 8
Homme des champs ! 4
15 L'or des genêts dans la clairière 8
S'égrène aux vents, 4
L'averse tombe et dans l'ornière 8
Pâtre et troupeau s'en vont geignants… 8
Novembre, les fleurs disparues… 8
20 Les ciels brumeux, 4
Les sources, par la pluie accrues, 8
Où les grands bœufs, 4
Plus lourds qu'attelés aux charrues, 8
Vont traînant leurs sabots bourbeux. 8
25 Le cri des oiseaux de passage 8
Dans la rougeur 4
Des soirs et les bois sans feuillage, 8
Où le songeur 4
Regarde attendri le nuage 8
30 S'enfuir, éternel voyageur… 8
Les bois sont tristes en automne 8
Comme un départ. 4
Un glas irrévocable y sonne 8
Qui dit « Trop tard » 4
35 Et dans la feuille qui frissonne 8
C'est notre cœur qui tombe et part… 8
Pourtant le charme ancien m'attire 8
Au fond des bois… 4
Est-ce une flûte qui soupire ? 8
40 Est-ce une voix ? 4
Ou l'âpre espoir d'y voir sourire 8
Nos défunts amours d'autrefois ! 8
logo du CRISCO logo de l'université