Métrique en Ligne
LOR_2/LOR111
Jean LORRAIN
LA FORÊT BLEUE
1883
LA FORÊT BLEUE
LA HALTE
SOUS BOIS III
A VICTOR HUGO
O viens au bord des cressonnières, 8
Avril a pris son clair essor, 8
Et l’Amour au fond des clairières 8
Sourit, armé de son arc d'or. 8
5 Viens, dans la grande forêt fée, 8
Éveiller les dieux d'autrefois… 8
Tu dis m'aimer, je suis Orphée. 8
L'idylle rit au fond des bois. 8
Viens, la forêt a son mystère, 8
10 Que Pan veut en vain nous celer, 8
Si le dieu lui dit de se taire, 8
Notre amour la fera parler. 8
Oui je veux, la main dans la tienne, 8
Interroger, cheveux au vent, 8
15 L'ombre des bois, cette païenne, 8
Le vert taillis, ce flot mouvant. 8
Je veux demander à la source : 8
« Folle, qu'as-tu donc fait d'Hylas ? » 8
Au torrent le but de sa course, 8
20 Aux joncs velus le roi Midas. 8
Nous serons ivres, fous, bohèmes, 8
Gomme une bande d'écoliers, 8
Pillant à deux mains les poèmes 8
Et les roses dans les halliers. 8
25 Je veux, la bouche sur ta bouche, 8
T'aimer le long des chemins creux, 8
A rendre le faune farouche 8
Et le nénuphar amoureux… 8
O la course enivrante et folle ! 8
30 Saisir aux lèvres la chanson, 8
L'odeur au fond de la corolle 8
Et l'idylle au creux du buisson ; 8
Sous le toit croulant des ramures, 8
Faire au long bruit de ses baisers. 8
35 Rire aux éclats les sources pures, 8
Et les chênes scandalisés ! 8
Pourquoi rougir, enfant ! Virgile 8
Chanta bien Philis et Chloé. 8
Viens, je serai le beau Mnasyle 8
40 Et toi la nymphe Lalagé. 8
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