Métrique en Ligne
LFT_3/LFT370
Jean de LA FONTAINE
ŒUVRES DIVERSES I
1658-1694
POÉSIES DIVERSES
IV
JANOT ET CATIN
STANCES
Un beau matin, 4
Trouvant Catin, 4
Toute seulette, 4
Pris son tetin 4
5 De blanc satin, 4
Par amourette : 4
Car de galette 4
Tant soit mollette 4
Moins friand suis, pour le certain. 8
10 Adonc, me dit la bachelette, 8
Que votre coq cherche poulette ; 8
Ici ne fera grand butin. 8
Telle censure 4
Ne fut si sûre 4
15 Qu'elle espérait ; 4
De ma fressure 4
Dame luxure 4
Jà s'emparait. 4
En tel détroit 4
20 Mon cas étoit, 4
Que je quis meilleure aventure. 8
Catin ce jeu point n'entendoit ; 8
Mieux attaquois, mieux défendoit : 8
Dont je souffris peine très dure. 8
25 Pendant l'étrif, 4
D'un ton plaintif 4
Dis chose telle : 4
Las ! moi chétif 4
En son esquif 4
30 Caron m'appelle. 4
Cessez donc, belle, 4
D'être cruelle 4
A cettui votre humble captif ; 8
Il est à vous foie et ratelle. 8
35 Bien grand merci, répondit-elle ; 8
Besoin n'ai d'un tel apprentif. 8
JANOT
Je vous affie 4
Et certifie 4
Que quelque jour 4
40 J'ai bonne envie 4
Ne vous voir mie 4
Dure à l'étour. 4
Le dieu d'Amour 4
Sait plus d'un tour, 4
45 Que votre cœur trop ne s'y fie ; 8
Car, quant à moi, j'ai belle paour 8
Qu'à vous férir n'ait le bras gourd. 8
Le contemner est donc folie. 8
CATIN
Vous n'avez pas 4
50 Bien pris mon cas, 4
Ne ma sentence. 4
De tomber, las ! 4
D'Amour ez las ! 4
Ne fais doutance, 4
55 Mais telle offense, 4
En conscience, 4
Ne commettrais pour cent ducats. 8
Que ce soit donc votre plaisance 8
De me laisser en patience, 8
60 Et de finir cet altercas. 8
JANOT
Alors qu'on use 4
De vaine excuse, 4
C'est grand défaut 4
Telle refuse 4
65 Qui après muse, 4
Dont bien peu chault ; 4
Car point ne fault 4
Tout homme caut 4
A chercher mieux quand on l'amuse. 8
70 Dont je conclus qu'en amour faut 8
Battre le fer quand il est chaud, 8
Sans chercher ni détour ni ruse. 8
Onc en amours 4
Vaines clamours 4
75 Ne me reviennent ; 4
Roses et flours, 4
Tous plaisants tours, 4
Mieux y conviennent. 4
Assez tôt viennent, 4
80 Voire proviennent 4
Du temps qu'on perd douleurs et plours. 8
Faut que tels cas aux gens surviennent. 8
C'est bien raison qu'ils entretiennent 8
En tout déduit leurs plus beaux jours. 8
85 Ainsi prêchois, 4
Et j'émouvois 4
Cette mignonne ; 4
Mes mains fourrois ; 4
Usant des droits 4
90 Qu'amour nous donne. 4
Humeur friponne 4
Chez la pouponne 4
Se glissa lors en tapinois. 8
Son œil me dit en son patois : 8
95 Berger, berger, ton heure sonne. 8
J'entendis clair ; car il n'est homme 8
Plus attentif à telle voix. 8
Ami lecteur, qui ceci vois, 8
Ton serviteur, qui Jean se nomme, 8
100 Dira le reste une autre fois. 8
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