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Clymène, vous pouvez me donner un empire, |
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Sans que vous m'accordiez qu'un regard d'un instant : |
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Tiendra-t-il à vos yeux que je ne sois content ? |
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Hélas ! qu'il est aisé de se flatter soi-même ! |
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Je me propose un bien dont le prix est extrême, |
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Et ne sais seulement s'il m'est permis d'aimer. |
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Pourquoi non, s'il vous est permis de me charnier ? |
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Je verrai les plaisirs suivre en foule vos traces, |
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Votre bouche sera la demeure des Grâces, |
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Mille dons près de vous me viendront partager ; |
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Et mille feux chez moi ne viendront pas loger ! |
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Et je ne mourrai pas ! Non, Clymène, vos charmes |
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Ne paraîtraient jamais sans me donner d'alarmes ; |
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Rien ne peut empêcher que je n'aime aussitôt. |
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Je veux brûler, languir, et mourir s'il le faut : |
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Votre aveu là-dessus ne m'est pas nécessaire. |
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Si pourtant vous aimer, Clymène, étoit vous plaire, |
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Que je serais heureux ! quelle gloire ! quel bien ! |
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Hors l'honneur d'être à vous je ne demande rien. |
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Consentez seulement de vous voir adorée ; |
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Il n'est condition des mortels révérée |
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Qui ne me soit alors un objet de mépris. |
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Jupiter, s'il quittoit le céleste pourpris, |
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Ne m'obligerait pas à lui céder ma peine. |
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Je suis plus satisfait de ma nouvelle chaîne |
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Qu'il ne l'est de sa foudre. Il peut régner là-haut : |
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Vous servir ici-bas c'est tout ce qu'il me faut. |
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Pour me récompenser, avouez-moi pour vôtre ; |
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Et, si le sort vouloit me donner à quelque autre, |
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Dites : Je le réclame ; il vit dessous ma loi : |
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Je vous en avertis, cet esclave est à moi ; |
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Du pouvoir de mes traits son cœur porte la marque, |
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N'y touchez point. Alors je me croirai monarque. |
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J'en sais de bien traités ; d'autres il en est peu. |
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Je serai plus roi qu'eux après un tel aveu. |
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Daignez donc approuver les transports de mon zèle |
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Il vous sera permis après d'être cruelle. |
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De ma part, le respect et les soumissions, |
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Les soins, toujours enfants des fortes passions, |
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Les craintes, les soucis, les fréquentes alarmes, |
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L'ordinaire tribut des soupirs et des larmes, |
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Et, si vous le voulez, mes langueurs, mon trépas, |
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Clymène, tous ces biens ne vous manqueront pas. |
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