FRAGMENTS DU SONGE DE VAUX |
1671 |
FRAGMENT VII |
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Les premiers traits du jour sortant du sein de l'onde |
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Commençoient d'émailler les bords de notre monde ; |
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Sur le sommet des monts l'ombre s'éclaircissoit ; |
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Aux portes du matin la clarté paroissoit ; |
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De sa robe d'hymen l'Aurore étoit vêtue : |
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Jamais telle à Céphale elle n'est apparue. |
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Je voyois sur son char éclater les rubis, |
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Sur son teint le cinabre, et l'or sur ses habits : |
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D'un vase de vermeil elle épanchoit des roses. |
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Fontaines, jaillissez ; |
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Herbe tendre, croissez |
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Le long de ces rivages ; |
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Venez, petits oiseaux, |
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Accorder vos ramages |
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Au doux bruit de leurs eaux. |
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Vous vous levez trop tard ; |
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L'Aurore est sur son char, |
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Et s'en vient voir ma belle : |
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Oiseaux, chantez pour moi ; |
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Le dieu d'amour m'appelle, |
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Je ne sais pas pourquoi. |
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Ces lèvres où les cieux ont mis tant de merveilles |
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Auroient pu m'excuser ; |
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Et tout autre que moi, les voyant si vermeilles, |
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Eût voulu les baiser. |
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Pour voir de ce bel œil briller toutes les armes, |
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On l'auroit éveillé. |
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Je n'ai point cru l'Amour, le Sommeil et vos charmes, |
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Qui me l'ont conseillé. |
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Pourquoi donc voulez-vous m'ôter votre présence ? |
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Attendez un moment ; |
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Car enfin je prétends mériter récompense, |
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Et non pas châtiment. |
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Que je sache du moins quelle heureuse aventure |
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Vous amène en ces lieux : |
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L'art y brille partout ; cependant la nature |
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Est plus belle en vos yeux. |
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Flore, au prix des appas de vos lèvres écloses, |
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N'a rien que de commun : |
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Telle n'est la beauté ni la fraîcheur des roses, |
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Ni même leur parfum. |
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Le soleil peint les fleurs, en la saison nouvelle, |
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De traits moins éclatants ; |
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Et votre bouche, Aminte, efface la plus belle |
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Des filles du printemps. |
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Mais n'avez-vous point vu dans Vaux une merveille |
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Qui fait, ainsi que vous, admirer son pouvoir ? |
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Si vous ne l'avez vue, Acanthe vous conseille |
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De ne point partir sans la voir. |
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Acanthe, voulez-vous que je verse des larmes, |
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Et soupire à mon tour, |
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Et, lasse d'être belle, abandonne mes charmes |
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Aux tourments de l'Amour ? |
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Il détruit l'embonpoint, et rend la couleur blême ; |
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Il donne du souci. |
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J'aime trop mes appas, je m'aime trop moi-même |
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