FRAGMENTS DU SONGE DE VAUX |
1671 |
FRAGMENT II |
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . |
|
Ariste, vous voulez voir des vers de ma main, |
12 |
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Vous qui du chantre grec, ainsi que du romain, |
12 |
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Pourriez nous étaler les beautés et les grâces, |
12 |
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Et qui nous invitez à marcher sur leurs traces. |
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5 |
Vous ne trouverez point chez moi cet heureux art |
12 |
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Qui cache ce qu'il est, et ressemble au hasard : |
12 |
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Je n'ai point ce beau tour, ce charme inexprimable |
12 |
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Qui rend le dieu des vers sur tous autres aimable : |
12 |
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C'est ce qu'il faut avoir, si l'on veut être admis |
12 |
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Parmi ceux qu'Apollon compte entre ses amis. |
12 |
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Homère épand toujours ses dons avec largesse ; |
12 |
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Virgile à ses trésors sait joindre la sagesse : |
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Mes vers vous pourroient-ils donner quelque plaisir, |
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Lorsque l'antiquité vous en offre à choisir ? |
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Je ne l'espère pas ; et cependant ma muse |
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N'aura jamais pour vous de secret ni d'excuse ; |
12 |
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Ce que vous souhaitez, il faut vous l'accorder ; |
12 |
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C'est à moi d'obéir, à vous de commander. |
12 |
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Je vous présente donc quelques traits de ma tyre ; |
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20 |
Elle les a dans Vaux répétés au Zéphyre. |
12 |
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J'y fais parler quatre arts fameux dans l'univers, |
12 |
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Les palais, les tableaux, les jardins et les vers. |
12 |
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Ces arts vantent ici tour à tour leurs merveilles. |
12 |
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Je soupire en songeant au sujet de mes veilles. |
12 |
25 |
Vous m'entendez, Ariste, et d'un cœur généreux |
12 |
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Vous plaignez comme moi le sort d'un malheureux. |
12 |
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Il déplut à son roi ; ses amis disparurent : |
12 |
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Mille vœux contre lui dans l'abord concoururent. |
12 |
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Malgré tout ce torrent, je lui donnai des pleurs ; |
12 |
30 |
J'accoutumai chacun à plaindre ses malheurs. |
12 |
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Jadis en sa faveur j'assemblai quatre fées ; |
12 |
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Il voulut que ma main leur dressât des trophées : |
12 |
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Œuvre long, et qu'alors jeune encor j'entrepris. |
12 |
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Écoutez ces quatre arts, et décidez du prix. |
12 |
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. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . |
35 |
Quoi ! par vous ces honneurs sont aussi contestés ? |
12 |
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Vous prétendez le prix qu'on doit à mes beautés |
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Ingrates, deviez-vous en avoir la pensée ? |
12 |
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. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . |
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Juges, pardonnez-moi cette plainte forcée, |
12 |
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Je sais qu'en suppliante il falloit commencer ; |
12 |
40 |
C'est à vous que ma voix se devoit adresser ; |
12 |
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Mais le dépit m'emporte, et puisqu'il faut tout dire, |
12 |
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Enfin voilà le fruit, trop vaine Apellanire, |
12 |
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Dont vous reconnoissez mes bienfaits aujourd'hui. |
12 |
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Contre les aquilons mon art vous sert d'appui : |
12 |
45 |
N'en ayez point de honte ; en sauvant votre ouvrage, |
12 |
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J'oblige aussi les dieux dont vous tracez l'image. |
12 |
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Hé bien ! vous la tracez, mais imparfaitement ; |
12 |
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Et moi je leur bâtis un second firmament. |
12 |
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Ce que je dis pour vous, je le dis pour les autres ; |
12 |
50 |
Tout ce qu'ont fait dans Vaux les Le Bruns, les Le Nôtres, |
12 |
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Jets, cascades, canaux, et plafonds si charmants, |
12 |
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Tout cela tient de moi ses plus beaux ornements. |
12 |
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Contempler les efforts de quelque main savante, |
12 |
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Juger d'une peinture, ou muette, ou parlante, |
12 |
55 |
Admirer d'Apollon les pinceaux ou la voix, |
12 |
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Errer dans un jardin, s'égarer dans un bois, |
12 |
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Se coucher sur des fleurs, respirer leur haleine, |
12 |
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Écouter en rêvant le bruit d'une fontaine, |
12 |
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Ou celui d'un ruisseau roulant sur des cailloux, |
12 |
60 |
Tout cela, je l'avoue, a des charmes bien doux : |
12 |
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Mais enfin on s'en passe, et je suis nécessaire. |
12 |
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Ce fut le seul besoin qui d'abord me fit plaire. |
12 |
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Les antres se trouvoient des humains habités ; |
12 |
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Avec les animaux ils formoient des cités : |
12 |
65 |
Je bâtis des maisons, je composai des villes. |
12 |
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On ne vouloit alors que de simples asiles ; |
12 |
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Sur la nécessité se régloient les souhaits : |
12 |
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Aujourd'hui, que l'on veut de superbes palais, |
12 |
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Je contente chacun en plus d'une manière : |
12 |
70 |
Des cinq ordres divers la grâce singulière |
12 |
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Fait voir comme il me plaît l'éclat, la majesté, |
12 |
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Ou les charmes divins de la simplicité. |
12 |
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Je ne doute donc point qu'en présence d'Oronte |
12 |
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Je n'obtienne le prix, vous n'emportiez la honte : |
12 |
75 |
Confuses, vous allez recevoir cette loi, |
12 |
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Si c'est honte pour vous d'être moindres que moi. |
12 |
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Tant d'œuvres, dont je rends les savants idolâtres, |
12 |
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Colosses, monuments, cirques, amphithéâtres, |
12 |
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Mille temples par moi bâtis en mille lieux, |
12 |
80 |
Les demeures des rois, celles même des dieux, |
12 |
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Rome, et tout l'univers, pour mon art sollicite. |
12 |
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Juges, accordez-moi le prix que je mérite ; |
12 |
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Car on n'auroit pas droit d'y vouloir parvenir, |
12 |
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Si de la faveur seule il falloit l'obtenir. |
12 |
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. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . |
85 |
Juges, si j'ai souffert des reproches frivoles, |
12 |
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Ce n'est point pour manquer de droit ni de paroles : |
12 |
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Le respect seulement a retenu ma voix. |
12 |
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Palatiane veut vous imposer des lois ; |
12 |
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Les honneurs ne sont faits que pour ses mains savantes : |
12 |
90 |
Ce seroit trop pour nous que d'être ses suivantes : |
12 |
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Elle m'appelle ingrate, et pense m'ébranler ; |
12 |
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Mais qui l'est de nous deux, puisqu'il en faut parler ? |
12 |
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Sans tous ses ornements, serois-je pas la même ? |
12 |
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Et quant à sa beauté, qui lui semble suprême, |
12 |
95 |
Bien souvent sans la mienne on n'y penseroit pas : |
12 |
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Seule je sais donner du lustre à ses appas. |
12 |
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Contre les aquilons elle m'est nécessaire ; |
12 |
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Il n'est point de couvert qui n'en pût autant faire. |
12 |
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Où va-t-elle chercher le premier des humains ? |
12 |
100 |
Quels chefs-d'œuvres alors sont sortis de ses mains ? |
12 |
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Qu'importe qu'elle serve aux dieux mêmes d'asile ? |
12 |
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Car il ne s'agit pas d'être la plus utile ; |
12 |
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C'est assez de causer le plaisir seulement, |
12 |
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Pour satisfaire aux lois de cet enchantement : |
12 |
105 |
En termes assez clairs la chose est exprimée : |
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Soit donné, dit le mage, à la plus grande fée. |
12 |
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En est-il de plus grande, ayant tout bien pesé, |
12 |
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Que celle par qui l'œil est sans cesse abusé ? |
12 |
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A de simples couleurs mon art plein de magie |
12 |
110 |
Sait donner du relief, de l'âme, et de la vie : |
12 |
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Ce n'est rien qu'une toile, on pense voir des corps : |
12 |
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J'évoque, quand je veux, les absents et les morts ; |
12 |
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Quand je veux, avec l'art je confonds la nature. |
12 |
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De deux peintres fameux qui ne sait l'imposture ? |
12 |
115 |
Pour preuve du savoir dont se vantoient leurs mains, |
12 |
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L'un trompa les oiseaux, et l'autre les humains. |
12 |
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Je transporte les yeux aux confins de la terre : |
12 |
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Il n'est événement ni d'amour, ni de guerre, |
12 |
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Que mon art n'ait enfin appris à tous les yeux. |
12 |
120 |
Les mystères profonds des enfers et des cieux |
12 |
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Sont par moi révélés, par moi l'œil les découvre : |
12 |
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Que la porte du jour se ferme, ou qu'elle s'ouvre, |
12 |
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Que le soleil nous quitte, ou qu'il vienne nous voir, |
12 |
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Qu'il forme un beau matin, qu'il nous montre un beau soir. |
12 |
125 |
J'en sais représenter les images brillantes : |
12 |
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Mon art s'étend sur tout ; c'est par mes mains savantes |
12 |
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Que les champs, les déserts, les bois, et les cités, |
12 |
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Vont en d'autres climats étaler leurs beautés. |
12 |
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Je fais qu'avec plaisir on peut voir des naufrages, |
12 |
130 |
Et les malheurs de Troie ont plu dans mes ouvrages : |
12 |
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Tout y rit, tout y charme ; on y voit sans horreur |
12 |
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Le pâle désespoir, la sanglante fureur, |
12 |
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L'inhumaine Cloton qui marche sur leurs traces : |
12 |
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Jugez avec quels traits je sais peindre les Grâces. |
12 |
135 |
Dans les maux de l'absence on cherche mon secours : |
12 |
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Je console un amant privé de ses amours, |
12 |
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Chacun par mon moyen possède sa cruelle. |
12 |
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Si vous avez jamais adoré quelque belle |
12 |
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(Et je n'en doute point, les sages ont aimé), |
12 |
140 |
Vous savez ce que peut un portrait animé : |
12 |
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Dans les cœurs les plus froids il entretient des flammes. |
12 |
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Je pourrois vous prier par celui de vos dames ; |
12 |
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En faveur de ses traits, qui n'obtiendroit le prix ? |
12 |
|
Mais c'est assez de Vaux pour toucher vos esprits : |
12 |
145 |
Voyez, et puis jugez ; je ne veux autre grâce. |
12 |
|
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. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . |
|
J'ignore l'art de bien parler, |
8 |
|
Et n'emploierai pour tout langage |
8 |
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Que ces moments qu'on voit couler |
8 |
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Parmi des fleurs et de l'ombrage. |
8 |
150 |
Là luit un soleil tout nouveau : |
8 |
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L'air est plus pur, le jour plus beau, |
8 |
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Les nuits sont douces et tranquilles ; |
8 |
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Et ces agréables séjours |
8 |
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Chassent le soin, hôte des villes, |
8 |
155 |
Et la crainte, hôtesse des cours. |
8 |
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Mes appas sont les alcyons |
8 |
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Par qui l'on voit cesser l'orage |
8 |
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Que le souffle des passions |
8 |
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A fait naître dans un courage : |
8 |
160 |
Seule, j'arrête ses transports ; |
8 |
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La raison fait de vains efforts |
8 |
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Pour en calmer la violence : |
8 |
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Et si rien s'oppose à leur cours, |
8 |
|
C'est la douceur de mon silence, |
8 |
165 |
Plus que la force du discours. |
8 |
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|
Mes dons ont occupé les mains |
8 |
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D'un empereur sur tous habile, |
8 |
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Et le plus sage des humains |
8 |
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Vint chez moi chercher un asile : |
8 |
170 |
Charles, d'un semblable dessein |
8 |
|
Se venant jeter dans mon sein, |
8 |
|
Fit voir qu'il étoit plus qu'un homme : |
8 |
|
L'un d'eux pour mes ombrages verts |
8 |
|
A quitté l'empire de Rome, |
8 |
175 |
L'autre celui de l'univers. |
8 |
|
|
Ils étoient las des vains projets |
8 |
|
De conquérir d'autres provinces : |
8 |
|
Que s'ils se firent mes sujets, |
8 |
|
De mes sujets je fais des princes. |
8 |
180 |
Tel, égalant le sort des rois, |
8 |
|
Aristée erroit autrefois |
8 |
|
Dans les vallons de Thessalie ; |
8 |
|
Et tel, de mets non achetés, |
8 |
|
Vivoit sous les murs d'Œbalie |
8 |
185 |
Un amateur de mes beautés. |
8 |
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|
Libre de soins, exempt d'ennuis, |
8 |
|
Il ne manquoit d'aucunes choses : |
8 |
|
Il détachoit les premiers fruits, |
8 |
|
Il cueilloit les premières roses ; |
8 |
190 |
Et quand le ciel armé de vents |
8 |
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Arrètoit le cours des torrents |
8 |
|
Et leur donnoit un frein de glace, |
8 |
|
Ses jardins remplis d'arbres verts |
8 |
|
Conservoient encore leur grâce, |
8 |
195 |
Malgré la rigueur des hivers. |
8 |
|
|
Je promets un bonheur pareil |
8 |
|
A qui voudra suivre mes charmes ; |
8 |
|
Leur douceur lui garde un sommeil |
8 |
|
Qui ne craindra point les alarmes : |
8 |
200 |
Il bornera tous ses désirs |
8 |
|
Dans le seul retour des zéphyrs ; |
8 |
|
Et, fuyant la foule importune, |
8 |
|
Il verra du fond de ses bois |
8 |
|
Les courtisans de la fortune |
8 |
205 |
Devenus esclaves des rois. |
8 |
|
|
J'embellis les fruits et les fleurs ; |
8 |
|
Je sais parer Pomone et Flore : |
8 |
|
C'est pour moi que coulent les pleurs |
8 |
|
Qu'en se levant verse l'Aurore : |
8 |
210 |
Les vergers, les parcs, les jardins, |
8 |
|
De mon savoir et de mes mains |
8 |
|
Tiennent leurs grâces nonpareilles ; |
8 |
|
Là j'ai des prés, là j'ai des bois ; |
8 |
|
Et j'ai partout tant de merveilles, |
8 |
215 |
Que l'on s'égare dans leur choix. |
8 |
|
|
Je donne au liquide cristal |
8 |
|
Plus de cent formes différentes, |
8 |
|
Et le mets tantôt en canal, |
8 |
|
Tantôt en beautés jaillissantes ; |
8 |
220 |
On le voit souvent par degrés |
8 |
|
Tomber à flots précipités : |
8 |
|
Sur des glacis je fais qu'il roule, |
8 |
|
Et qu'il bouillonne en d'autres lieux ; |
8 |
|
Parfois il dort, parfois il coule, |
8 |
225 |
Et toujours il charmé les yeux. |
8 |
|
|
Je ne finirois de longtemps |
8 |
|
Si j'exprimois toutes ces choses : |
8 |
|
On auroit plus tôt au printemps |
8 |
|
Compté les œillets et les roses. |
8 |
230 |
Sans m'écarter loin de ces bois, |
8 |
|
Souvenez-vous combien de fois |
8 |
|
Vous avez cherché leurs ombrages : |
8 |
|
Pourriez-vous bien m'ôter le prix, |
8 |
|
Après avoir par mes ouvrages |
8 |
235 |
Si souvent charmé vos esprits ? |
8 |
|
|
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . |
|
Juges, attendez un moment, |
8 |
|
Et voyez quelle est cette fée |
8 |
|
Qui de son visage charmant |
8 |
|
Devant Oronte fait trophée ; |
8 |
240 |
En voilà les traits éclatants ; |
8 |
|
Elle étoit telle avant que le printemps |
10 |
|
Lui rendît ses cheveux avec ses autres charmes : |
12 |
|
Lorsque les jours sont inconstants, |
8 |
|
Elle n'est jamais sans alarmes. |
8 |
|
|
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . |
245 |
Ce fut par Calliopée. |
7 |
|
Montrez-moi, dit cette fée, |
7 |
|
Quelque chose de plus vieux |
7 |
|
Que la chronique immortelle |
7 |
|
De ces murs pour qui les dieux |
7 |
250 |
Eurent dix ans de querelle. |
7 |
|
|
Bien que par les flots amers |
7 |
|
On aille au delà des mers |
7 |
|
Voir encor vos pyramides, |
7 |
|
J'ai laissé des monuments |
7 |
255 |
Et plus beaux et plus solides |
7 |
|
Que ces vastes bâtiments. |
7 |
|
|
Mes mains ont fait des ouvrages |
7 |
|
Qui verront les derniers âges |
7 |
|
Sans jamais se ruiner : |
7 |
260 |
Le temps a beau les combattre ; |
7 |
|
L'eau ne les sauroit miner, |
7 |
|
Le vent ne peut les abattre. |
7 |
|
|
Sans moi tant d'œuvres fameux, |
7 |
|
Ignorés de nos neveux, |
7 |
265 |
Périroient sous la poussière : |
7 |
|
Au Parnasse seulement |
7 |
|
On emploie une matière |
7 |
|
Qui dure éternellement. |
7 |
|
|
Si l'on conserve les noms, |
7 |
270 |
Ce doit être par mes sons, |
7 |
|
Et non point par vos machines : |
7 |
|
Un jour, un jour l'univers |
7 |
|
Cherchera sous vos ruines |
7 |
|
Ceux qui vivront dans mes vers. |
7 |
|
|
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . |
275 |
Juges, vous le savez, et dans tout cet empire |
12 |
|
Mon charme est plus connu que l'air qu'on y respire ; |
12 |
|
C'est le seul entretien que l'on prise aujourd'hui : |
12 |
|
Pour comble de bonheur, Alcandre en est l'appui. |
12 |
|
Je n'en dirai pas plus, de peur que sa puissance |
12 |
280 |
N'oblige vos esprits à quelque déférence. |
12 |
|
Vous jugez bien pourtant quelle est une beauté |
12 |
|
Qui possède son cœur, et qui l'a mérité ; |
12 |
|
Mais, sans vous prévenir par les traits du bien dire, |
12 |
|
Je répondrai par ordre, et cela doit suffire. |
12 |
|
285 |
On diroit que ces arts méritent tous le prix. |
12 |
|
Chaque fée a sans doute ébranlé les esprits ; |
12 |
|
Toutes semblent d'abord terminer la querelle. |
12 |
|
La première a fait voir le besoin qu'on a d'elle. |
12 |
|
Si j'ai de son discours marqué les plus beaux traits, |
12 |
290 |
Elle loge les dieux, et moi je les ai faits. |
12 |
|
|
Ce mot est un peu vain, et pourtant véritable : |
12 |
|
Ceux qui se font servir le nectar à leur table, |
12 |
|
Sous le nom de héros ont mérité mes vers ; |
12 |
|
Je les ai déclarés maîtres de l'univers. |
12 |
295 |
O vous qui m'écoutez, troupe noble et choisie, |
12 |
|
Ainsi qu'eux quelque jour vous vivrez d'ambrosie ; |
12 |
|
Mais Alcandre lui-même auroit beau l'espérer, |
12 |
|
S'il n'imploroit mon art pour la lui préparer. |
12 |
|
Ce point tout seul devroit me donner gain de cause : |
12 |
300 |
Rendre un homme immortel sans doute est quelque chose : |
12 |
|
Apellanire peut par ses savantes mains |
12 |
|
L'exposer pour un temps aux regards des humains : |
12 |
|
Pour moi, je lui bâtis un temple en leur mémoire ; |
12 |
|
Mais un temple plus beau, sans marbre et sans ivoire, |
12 |
305 |
Que ceux où d'autres arts, avec tous leurs efforts, |
12 |
|
De l'univers entier épuisent les trésors. |
12 |
|
Par le second discours on voit que la peinture |
12 |
|
Se vante de tenir école d'imposture, |
12 |
|
Comme si de cet art les prestiges puissants |
12 |
310 |
Pouvoient seuls rappeler les morts et les absents ! |
12 |
|
Ce sont pour moi des jeux : on ne lit point Homère, |
12 |
|
Sans que tantôt Achille à l'âme si colère, |
12 |
|
Tantôt Agamemnon au front majestueux, |
12 |
|
Le bien-disant Ulysse, Ajax l'impétueux, |
12 |
315 |
Et maint autre héros offre aux yeux son image : |
12 |
|
Je les fais tous parler, c'est encor davantage. |
12 |
|
La peinture après tout n'a droit que sur les corps |
12 |
|
Il n'appartient qu'à moi de montrer les ressorts |
12 |
|
Qui font mouvoir une âme, et la rendent visible : |
12 |
320 |
Seule j'expose aux sens ce qui n'est pas sensible, |
12 |
|
Et, des mêmes couleurs qu'on peint la vérité, |
12 |
|
Je leur expose encor ce qui n'a point été. |
12 |
|
Si pour faire un portrait Apellanire excelle, |
12 |
|
On m'y trouve du moins aussi savante qu'elle ; |
12 |
325 |
Mais je fais plus encore, et j'enseigne aux amants |
12 |
|
A fléchir leurs amours en peignant leurs tourments. |
12 |
|
Les charmes qu'Hortésie épand sous ses ombrages |
12 |
|
Sont plus beaux dans mes vers qu'en ses propres ouvrages ; |
12 |
|
Elle embellit les fleurs de traits moins éclatants : |
12 |
330 |
C'est chez moi qu'il faut voir les trésors du printemps. |
12 |
|
Enfin, j'imite tout par mon savoir suprême ; |
12 |
|
Je peins, quand il me plaît, la peinture elle-même. |
12 |
|
Oui, beaux-arts, quand je veux, j'étale vos attraits : |
12 |
|
Pouvez-vous exprimer le moindre de mes traits ? |
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335 |
Si donc j'ai mis les dieux au-dessus de l'envie ; |
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Si je donne aux mortels une seconde vie ; |
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Si maint œuvre de moi, solide autant que beau, |
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Peut tirer un héros de la nuit du tombeau ; |
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Si, mort en ses neveux, dans mes vers il respire ; |
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Si je le rends présent bien mieux qu'Apellanire ; |
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Si de Palatiane, au prix de mes efforts, |
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Les monuments ne sont ni durables, ni forts ; |
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Si souvent Hortésie est peinte en mes ouvrages, |
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Et si je fais parler ses fleurs et ses ombrages, |
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Juges, qu'attendez-vous ? et pourquoi consulter ? |
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Quel art peut mieux que moi cet écrin mériter ? |
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Ce n'est point sa valeur où j'ai voulu prétendre : |
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Je n'ai considéré que le portrait d'Alcandre. |
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On sait que les trésors me touchent rarement ; |
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Mes veilles n'ont pour but que l'honneur seulement : |
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Gardez ce diamant dont le prix est extrême, |
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Je serai riche assez pourvu qu'Alcandre m'aime. |
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