Métrique en Ligne
LFT_1/LFT231
Jean de LA FONTAINE
FABLES
1678-1694
FABLES CHOISIES MISES EN VERS
Éditions Thierry et Barbin (1678-1679) et Barbin (1694)
LIVRE XII
XIII
LE RENARD, LES MOUCHES ET LE HÉRISSON
Aux traces de son sang un vieux hôte des bois, 12
Renard fin, subtil et matois, 8
Blessé par des chasseurs, et tombé dans la fange, 12
Autrefois attira ce parasite ailé 12
5 Que nous avons mouche appelé. 8
Il accusoit les dieux, et trouvoit fort étrange 12
Que le Sort à tel point le voulût affliger, 12
Et le fît aux mouches manger. 8
Quoi ! se jeter sur moi, sur moi le plus habile 12
10 De tous les hôtes des forêts ! 8
Depuis quand les renards sont-ils un si bon mets ? 12
Et que me sert ma queue ? est-ce un poids inutile ? 12
Va, le Ciel te confonde, animal importun ! 12
Que ne vis-tu sur le commun ! 8
15 Un hérisson du voisinage, 8
Dans mes vers nouveau personnage, 8
Voulut le délivrer de l'importunité 12
Du peuple plein d'avidité : 8
Je les vais de mes dards enfiler par centaines, 12
20 Voisin renard, dit-il, et terminer tes peines. 12
Garde-t'en bien, dit l'autre ; ami, ne le fais pas : 12
Laisse-les, je te prie, achever leur repas. 12
Ces animaux sont soûls ; une troupe nouvelle 12
Viendroit fondre sur moi, plus âpre et plus cruelle. 12
25 Nous ne trouvons que trop de mangeurs ici-bas : 12
Ceux-ci sont courtisans, ceux-là sont magistrats. 12
Aristote appliquoit cet apologue aux hommes. 12
Les exemples en sont communs, 8
Surtout au pays où nous sommes. 8
30 Plus telles gens sont pleins, moins ils sont importuns. 12
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