Métrique en Ligne
LFT_1/LFT200
Jean de LA FONTAINE
FABLES
1678-1694
FABLES CHOISIES MISES EN VERS
Éditions Thierry et Barbin (1678-1679) et Barbin (1694)
LIVRE X
VIII
LE CHIEN À QUI ON A COUPÉ LES OREILLES
Qu'ai-je fait, pour me voir ainsi 8
Mutilé par mon propre maître ? 8
Le bel état où me voici ! 8
Devant les autres chiens oserai-je paroîtreparaître ? 12
5 O rois des animaux, ou plutôt leurs tyrans, 12
Qui vous feroit choses pareilles ! 8
Ainsi crioit Mouflar, jeune dogue ; et les gens, 12
Peu touchés de ses cris douloureux et perçants, 12
Venoient de lui couper sans pitié les oreilles. 12
10 Mouflar y croyoit perdre. Il vit avec le temps 12
Qu'il y gagnoit beaucoup ; car, étant de nature 12
À piller ses pareils, mainte mésaventure 12
L'auroit fait retourner chez lui 8
Avec cette partie en cent lieux altérée : 12
15 Chien hargneux a toujours l'oreille déchirée. 12
Le moins qu'on peut laisser de prise aux dents d'autrui, 12
C'est le mieux. Quand on n'a qu'un endroit à défendre, 12
On le munit, de peur d'esclandre. 8
Témoin maître Mouflar armé d'un gorgerin ; 12
20 Du reste, ayant d'oreille autant que sur ma main, 12
Un loup n'eût su par où le prendre. 8
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