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Jean de LA FONTAINE
FABLES
1678-1694
FABLES CHOISIES MISES EN VERS
Éditions Thierry et Barbin (1678-1679) et Barbin (1694)
LIVRE IX
XVII
LE SINGE ET LE CHAT
Bertrand avec Raton, l'un singe et l'autre chat, 12
Commensaux d'un logis, avoient un commun maître. 12
D'animaux malfaisants c'étoit un très-bon plat : 12
Ils n'y craignoient tous deux aucun, quel qu'il pût être. 12
5 Trouvoit-on quelque chose au logis de gâté, 12
L'on ne s'en prenoit point aux gens du voisinage : 12
Bertrand déroboit tout : Raton, de son côté, 12
Étoit moins attentif aux souris qu'au fromage. 12
Un jour, au coin du feu, nos deux maîtres fripons 12
10 Regardoient rôtir des marrons. 8
Les escroquer étoit une très-bonne affaire, 12
Nos galants y voyoient double profit à faire : 12
Leur bien premièrement, et puis le mal d'autrui. 12
Bertrand dit à Raton : Frère, il faut aujourd'hui 12
15 Que tu fasses un coup de maître ; 8
Tire-moi ces marrons. Si Dieu m'avoit fait naître 12
Propre à tirer marrons du feu, 8
Certes, marrons verroient beau jeu. 8
Aussitôt fait que dit : Raton, avec sa patte, 12
20 D'une manière délicate, 8
Écarte un peu la cendre, et retire les doigts ; 12
Puis les reporte à plusieurs fois ; 8
Tire un marron, puis deux, et puis trois en escroque : 12
Et cependant Bertrand les croque. 8
25 Une servante vient : adieu mes gens. Raton 12
N'étoit pas content, ce dit-on. 8
Aussi ne le sont pas la plupart de ces princes 12
Qui, flattés d'un pareil emploi, 8
Vont s'échauder en des provinces 8
30 Pour le profit de quelque roi. 8
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