Métrique en Ligne
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Jean de LA FONTAINE
FABLES
1678-1694
FABLES CHOISIES MISES EN VERS
Éditions Thierry et Barbin (1678-1679) et Barbin (1694)
LIVRE IX
XIII
JUPITER ET LE PASSAGER
Oh ! combien le péril enrichiroit les dieux, 12
Si nous nous souvenions des vœux qu'il nous fait faire ! 12
Mais, le péril passé, l'on ne se souvient guère 12
De ce qu'on a promis aux cieux ; 8
5 On compte seulement ce qu'on doit à la terre. 12
Jupiter, dit l'impie, est un bon créancier ; 12
Il ne se sert jamais d'huissier. 8
Eh ! qu'est-ce donc que le tonnerre ? 8
Comment appelez-vous ces avertissements ? 12
10 Un passager pendant l'orage 8
Avoit voué cent bœufs au vainqueur des Titans. 12
Il n'en avoit pas un : vouer cent éléphants 12
N'auroit pas coûté davantage. 8
Il brûla quelques os quand il fut au rivage : 12
15 Au nez de Jupiter la fumée en monta. 12
Sire Jupin, dit-il, prends mon vœu ; le voilà : 12
C'est un parfum de bœuf que ta grandeur respire. 12
La fumée est ta part : je ne te dois plus rien. 12
Jupiter fit semblant de rire ; 8
20 Mais, après quelques jours, le dieu l'attrapa bien, 12
Envoyant un songe lui dire 8
Qu'un tel trésor étoit en tel lieu. L'homme au vœu 12
Courut au trésor comme au feu. 8
Il trouva des voleurs ; et, n'ayant dans sa bourse 12
25 Qu'un écu pour toute ressource, 8
Il leur promit cent talents d'or, 8
Bien comptés, et d'un tel trésor : 8
On l'avoit enterré dedans telle bourgade. 12
L'endroit parut suspect aux voleurs ; de façon 12
30 Qu'à notre prometteur l'un dit : Mon camarade, 12
Tu te moques de nous ; meurs, et va chez Pluton 12
Porter tes cent talents en don. 8
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