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Jean de LA FONTAINE
FABLES
1678-1694
FABLES CHOISIES MISES EN VERS
Éditions Thierry et Barbin (1678-1679) et Barbin (1694)
LIVRE VII
X
LE CURÉ ET LE MORT
Un mort s'en alloit tristement 8
S'emparer de son dernier gîte ; 8
Un curé s'en alloit gaiement 8
Enterrer ce mort au plus vite. 8
5 Notre défunt étoit en carrosse porté, 12
Bien et dûment empaqueté, 8
Et vêtu d'une robe, hélas ! qu'on nomme bière, 12
Robe d'hiver, robe d'été, 8
Que les morts ne dépouillent guère. 8
10 Le pasteur étoit à côté, 8
Et récitoit, à l'ordinaire, 8
Maintes dévotes oraisons, 8
Et des psaumes et des leçons, 8
Et des versets et des répons : 8
15 Monsieur le mort, laissez-nous faire, 8
On vous en donnera de toutes les façons ; 12
Il ne s'agit que du salaire. 8
Messire Jean Chouart couvoit des yeux son mort, 12
Comme si l'on eût dû lui ravir ce trésor ; 12
20 Et des regards sembloit lui dire : 8
Monsieur le mort, j'aurai de vous 8
Tant en argent, et tant en cire, 8
Et tant en autres menus coûts. 8
Il fondoit là-dessus l'achat d'une feuillette 12
25 Du meilleur vin des environs : 8
Certaine nièce assez propette 8
Et sa chambrière Pâquette 8
Devoient avoir des cotillons. 8
Sur cette agréable pensée 8
30 Un heurt survient : adieu le char. 8
Voilà messire Jean Chouart 8
Qui du choc de son mort a la tête cassée : 12
Le paroissien en plomb entraîne son pasteur ; 12
Notre curé suit son seigneur ; 8
35 Tous deux s'en vont de compagnie. 8
Proprement toute notre vie 8
Est le curé Chouart qui sur son mort comptoitcomptait, 12
Et la fable du Pot au lait. 8
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