Métrique en Ligne
LFT_1/LFT100
Jean de LA FONTAINE
FABLES
1678-1694
FABLES CHOISIES MISES EN VERS
Éditions Thierry et Barbin (1678-1679) et Barbin (1694)
LIVRE V
XVII
LE LIÈVRE ET LA PERDRIX
Il ne se faut jamais moquer des misérables : 12
Car qui peut s'assurer d'être toujours heureux ? 12
Le sage Ésope dans ses fables 8
Nous en donne un exemple ou deux. 8
5 Celui qu'en ces vers je propose, 8
Et les siens, ce sont même chose. 8
Le lièvre et la perdrix, concitoyens d'un champ, 12
Vivoient dans un état, ce semble, assez tranquille, 12
Quand une meute s'approchant 8
10 Oblige le premier à chercher un asile : 12
Il s'enfuit dans son fort, met les chiens en défaut, 12
Sans même en excepter Brifaut. 8
Enfin il se trahit lui-même 8
Par les esprits sortants de son corps échauffé. 12
15 Miraut, sur leur odeur ayant philosophé, 12
Conclut que c'est son lièvre, et d'une ardeur extrême 12
Il le pousse ; et Rustaut, qui n'a jamais menti, 12
Dit que le lièvre est reparti. 8
Le pauvre malheureux vient mourir à son gîte. 12
20 La perdrix le raille, et lui dit : 8
Tu te vantois d'être si vite ! 8
Qu'as-tu fait de tes pieds ? Au moment qu'elle rit, 12
Son tour vient, on la trouve. Elle croit que ses ailes 12
La sauront garantir à toute extrémité ; 12
25 Mais la pauvrette avoit compté 8
Sans l'autour aux serres cruelles. 8
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