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Charles LE GOFFIC
Poésies complètes
1889-1914
LE BOIS DORMANT
PETITS POÈMES
LE SERMENT D’HOEL IV
À Yves Berthou.
Comme je n’ai pu vous celer 8
Le vieux péché qui me harcèle, 8
O mon âme, vous faites celle 8
Qui ne veut pas se consoler. 8
5 Et vous dites : « La bête immonde 8
Va revenir dans un moment 8
Et gâtera tout le froment 8
Que nous gardions pour l’autre monde. 8
« C’est la bête de saint Stefan, 8
10 Moitié lionne et moitié femme, 8
Et qui gonfle sa croupe infâme 8
Sous la grâce d’un sein d’enfant. 8
« Effroi des pâles cénobites, 8
Elle entre en eux ses crocs de fer, 8
15 Et les sept flammes de l’enfer 8
Tremblent au creux de ses orbites. » 8
Ô mon âme, me direz-vous 8
Si c’est par dégoût, crainte ou leurre, 8
Que vous n’osâtes tout à l’heure 8
20 Nommer le monstre horrible et doux ? 8
Son nom, ma chère âme, est Luxure. 8
Vous le connaissez bien pourtant ; 8
Mais je veux faire sur l’instant 8
Un grand serment qui vous rassure : 8
25 Moi, Hoël IVquatre, prince-abbé 8
D’Eussa, de Sizun, de Molène, 8
Seigneur du bois et de la plaine, 8
Officiai de Pont-Labbé. 8
Je jure par le saint rosaire 8
30 Et, s’il est besoin, par la croix 8
Du Christ Jésus, en qui je crois 8
Et qui porta notre misère, 8
De ne laisser à mon péché 8
Aucun repos, aucune trêve, 8
35 Tant qu’avec la crosse ou le glaive 8
Je ne l’aie en terre couché. 8
Et quand la bête sera morte, 8
Lui rendant affronts pour affronts, 8
Alors, mon âme, nous pourrons 8
40 Clouer sa guenille à ma porte. 8
Et libres de tout souci vain, 8
Dans le pur enclos de délices, 8
Avec des mains fraîches et lisses, 8
Nous peignerons l’Agneau Divin. 8
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