Métrique en Ligne
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Charles LE GOFFIC
Poésies complètes
1889-1914
LE BOIS DORMANT
PETITS POÈMES
LES TROIS MATELOTS DE GROIX
À Charles Maurras.
C’étaient trois matelots de Groix. 8
Ils étaient partis tous les trois 8
Pêcher la sole : 4
Les pauvres garçons n’avaient pas 8
5 Plus de sextant que de compas 8
Et de boussole. 4
— Ah ! disait l’un, voici l’hiver ! 8
Les hirondelles ont ouvert 8
Leurs ailes souples, 4
10 Et bientôt, dans le ciel changeant, 8
On verra les pluviers d’argent 8
Filer par couples. 4
— L’hiver ! dit l’autre, hélas à nous ! 8
Si je vous montrais mes genoux, 8
15 C’est une plaie. 4
Mon pauvre corps est tout perclus, 8
Et du coup je ne pourrai plus 8
Tenir la baie. 4
Et le troisième repartit : 8
20 — Notre navire est bien petit, 8
Ô bonne Vierge, 4
Mais à votre église d’Auray, 8
Sitôt débarqué, je ferai 8
Cadeau d’un cierge. 4
25 Ainsi causaient parmi les flots, 8
Debout au vent, les matelots, 8
Quand une lame 4
Emporta le premier des trois. 8
Il fit le signe de la croix 8
30 Et rendit l’âme. 4
L’autre, en tombant du haut du mât, 8
Fut, avant qu’il se ranimât, 8
Happé dans l’ombre 4
Par un poulpe aux yeux de velours, 8
35 Qui tendait au ras des flots lourds 8
Ses bras sans nombre. 4
Il a suffi d’un humble ave 8
Pour que le cadet fût sauvé 8
Du flot barbare, 4
40 Et ce matin les bons courants 8
L’ont ramené chez ses parents 8
Dans sa gabare. 4
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