Métrique en Ligne
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Charles LE GOFFIC
Poésies complètes
1889-1914
LE BOIS DORMANT
RONDES ET CHANSONS
À LA VALLÉE-AUX-LOUPS
Pour Louis Tiercelin.
Vallée-aux-Loups, frais ermitage 8
Qu’élut un jour Chateaubriand, 8
Son grand cœur est resté l’otage 8
De ton décor simple et riant. 8
5 Sous les tulles des soirs d’octobre, 8
Par les clairs matins orangés, 8
Il aimait pour leur charme sobre 8
Ces ciels imprécis et légers, 8
Ces pelouses, ces bois, la sente 8
10 Qui verdit sous leur frondaison, 8
Et Paris, cuve éblouissante, 8
Fumant au loin sur l’horizon. 8
C’était de toutes ses demeures, 8
Celle qu’il préférait, le nid 8
15 Qui se ferma pour quelques heures 8
Sur son vol ivre d’infini. 8
L’aigle avait replié son aile : 8
Un chaste amour avait soudain, 8
Dans l’âpre et rigide prunelle, 8
20 Fondu la glace du dédain. 8
À Combourg, sur les landes rases, 8
Plane encor son génie amer, 8
Et le lamento de ses phrases 8
Roule parmi le vent de mer. 8
25 Il ne fut ici que tendresse : 8
Le granit s’était animé. 8
Et, sur son antique détresse. 8
Tout un printemps avait germé. 8
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Vallée-aux-Loups, frais ermitage 8
30 Qu’élut un jour Chateaubriand, 8
Son grand cœur est resté l’otage 8
De ton décor simple et riant. 8
Et c’est pourquoi nos mains pieuses, 8
Tressant des fleurs pour ton fronton, 8
35 Mêlent ces tendres scabieuses 8
Au symbolique gui breton. 8
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