Métrique en Ligne
LEG_1/LEG29
Charles LE GOFFIC
Poésies complètes
1889-1914
LE BOIS DORMANT
RONDES ET CHANSONS
LE PASSANT
À Jean Psichari.
L’amour ne chante pas ; il ne sourit jamais, 12
Ni le matin, quand l’aube argenté les sommets, 12
Ni quand l’ombre, le soir, s’épanche des collines, 12
Ni quand le rouge été flamboie à son midi 12
5 Et du brouillard qui dort dans l’éther attiédi 12
Perce et dissipe au loin les pâles mousselines. 12
L’amour ne chante pas ; l’amour ne sourit pas. 12
Il vient comme un voleur de nuit, à petits pas, 12
Retenant son haleine et se cachant des mères. 12
10 Il connaît que nul cœur n’est ferme en son dessein 12
Et qu’on ne dort jamais qu’une fois sur le sein 12
Vêtu par nos désirs de grâces éphémères. 12
L’amour ne chante pas, ne sourit pas. Ses yeux, 12
Brûlés de trop de pleurs, sont lourds de trop d’adieux 12
15 Pour croire qu’ici-bas quelque chose persiste. 12
Nul ne sait quand il vient, ni comment, ni pourquoi, 12
Et les cœurs ingénus qu’emplit son vague effroi 12
L’attendent qu’il est loin déjà, le Passant triste ! 12
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