Métrique en Ligne
LEG_1/LEG28
Charles LE GOFFIC
Poésies complètes
1889-1914
LE BOIS DORMANT
RONDES ET CHANSONS
NOVEMBRE
À Daniel de Venancourt.
Je suis revenu seul par Landrellec. Voici 12
Qu’au soir tombant l’ajonc s’est encore épaissi 12
Et qu’à force d’errer dans le vent et la brume, 12
Si tard, sous ce ciel bas fouetté d’une âpre écume, 12
5 Et d’entendre à mes pieds sur le varech amer 12
Toujours, toujours ce râle obsédant de la mer, 12
Et de voir, quand mes yeux retournaient vers la côte, 12
Des peurs sourdes crisper la lande épaisse et haute 12
Et la brume flotter partout comme un linceul, 12
10 J’ai senti que mon mal n’était pas à moi seul 12
Et que la lande avec ses peurs crépusculaires. 12
Et qu’avec ses sanglots profonds et ses colères 12
La mer, et que la nuit et la brume et le vent, 12
Tout cela s’agitait, souffrait, était vivant, 12
15 Et roulait, sous la nue immobile et sans flamme, 12
Une peine pareille à la vôtre, mon âme. 12
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