AMOUR BRETON |
SOMMEIL |
Le sommeil nous fera de jolis songes blancs…
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Raymond de La Tailhède.
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Et tu m’as dit : Pourquoi revenir sur ces choses ? |
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Le golfe aux blanches eaux rit sous le soleil blond. |
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Il fait si doux de vivre au bord des grèves roses ! |
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Un tel apaisement coule du ciel profond ! |
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Regarde ! Les rocs noirs, effroi des solitudes, |
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Sous leur crinière noire ont l’air de grands lions |
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Étirant au soleil d’énormes lassitudes, |
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Jusqu’au temps assigné pour leurs rébellions. |
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Et regarde ! Les vents eux-mêmes n’ont plus d’aile, |
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ils dorment. Oh ! comme eux, clos ta pauvre aile, hélas ! |
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Puisque la blanche mer repose et que près d’elle |
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La grève blonde étend son corps humide et las. |
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Et le soleil aussi s’endort. Des clartés fauves |
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Vont s’épandant du lit où le dieu s’est couché. |
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Sur les récifs tournoie un dernier vol de mauves ; |
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Un grand sloop file au ras des eaux, le mât penché. |
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Et son éperon lisse et fin comme une lance |
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Pique les flots cabrés qui hennissent autour ; |
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Et c’est du haut du pont un matelot qui lance |
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Au clocher entrevu l’hollaï du retour. |
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Et rien, plus rien ! Le bec enfoui sous son aile, |
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Seul, un héron qui dort s’éveille au cri jeté, |
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Darde sur l’horizon l’éclair de sa prunelle |
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Et reprend tout d’un coup son immobilité. |
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