Métrique en Ligne
LEC_3/LEC188
Charles-Marie LECONTE DE LISLE
POÈMES ANTIQUES
1852
Phidylé
L'herbe est molle au sommeil sous les frais peupliers, 12
Aux pentes des sources moussues 8
Qui, dans les prés en fleur germant par mille issues, 12
Se perdent sous les noirs halliers. 8
5 Repose, ô Phidylé ! Midi sur les feuillages 12
Rayonne, et t'invite au sommeil. 8
Par le trèfle et le thym, seules, en plein soleil, 12
Chantent les abeilles volages. 8
Un chaud parfum circule aux détours des sentiers ; 12
10 La rouge fleur des blés s'incline ; 8
Et les oiseaux, rasant de l'aile la colline, 12
Cherchent l'ombre des églantiers. 8
Les taillis sont muets ; le daim, par les clairières, 12
Devant les meutes aux abois 8
15 Ne bondit plus ; Diane, assise au fond des bois, 12
Polit ses flèches meurtrières. 8
Dors en paix, belle enfant aux rires ingénus, 12
Aux nymphes agrestes pareille ! 8
De ta bouche au miel pur j'écarterai l'abeille, 12
20 Je garantirai tes pieds nus. 8
Laisse sur ton épaule et ses formes divines, 12
Comme un or fluide et léger, 8
Sous mon souffle amoureux courir et voltiger 12
L'épaisseur de tes tresses fines ! 8
25 Sans troubler ton repos, sur ton front transparent, 12
Libre des souples bandelettes, 8
J'unirai l'hyacinthe aux pâles violettes, 12
Et la rose au myrte odorant. 8
Belle comme Érycine aux jardins de Sicile, 12
30 Et plus chère à mon cœur jaloux, 8
Repose ! Et j'emplirai du souffle le plus doux 12
La flûte à mes lèvres docile. 8
Je charmerai les bois, ô blanche Phidylé, 12
De ta louange familière ; 8
35 Et les nymphes, au seuil de leurs grottes de lierre, 12
En pâliront, le cœur troublé. 8
Mais quand l'astre, incliné sur sa courbe éclatante, 12
Verra ses ardeurs s'apaiser, 8
Que ton plus beau sourire et ton meilleur baiser 12
40 Me récompensent de l'attente ! 8
logo du CRISCO logo de l'université