Métrique en Ligne
LEC_3/LEC151
Charles-Marie LECONTE DE LISLE
POÈMES ANTIQUES
1852
Le Réveil d'Hélios
Le jeune homme divin, nourrisson de Délos, 12
Dans sa khlamyde d'or quitte l'azur des flots ; 12
De leurs baisers d'argent son épaule étincelle, 12
Et sur ses pieds légers l'onde amère ruisselle. 12
5 À l'essieu plein de force il attache soudain 12
La roue à jantes d'or, à sept rayons d'airain. 12
Les moyeux sont d'argent aussi bien que le siège. 12
Le dieu soumet au joug quatre étalons de neige, 12
Qui, rebelles au frein, mais au timon liés, 12
10 Hérissés, écumants, sur leurs jarrets ployés, 12
Hennissent vers les cieux, de leurs naseaux splendides. 12
Mais du quadruple effort de ses rênes solides, 12
Le fils d'Hypérion courbe leurs cols nerveux. 12
Et le vent de la mer agite ses cheveux ; 12
15 Et Séléné pâlit, et les heures divines 12
Font descendre l'aurore aux lointaines collines. 12
Le dieu s'écrie ! Il part, et dans l'ampleur du ciel 12
Il pousse étincelant le quadrige éternel. 12
L'air sonore s'emplit de flamme et d'harmonie. 12
20 L'océan qui palpite en sa plainte infinie, 12
Pour saluer Hélios murmure un chant plus doux ; 12
Et semblable à la vierge en face de l'époux, 12
La terre, au bord brumeux des ondes apaisées, 12
S'éveille en rougissant sur son lit de rosées. 12
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