Métrique en Ligne
LEC_2/LEC92
Charles-Marie LECONTE DE LISLE
POÈMES TRAGIQUES
1884
Dans le ciel clair
DANS le ciel clair rayé par l'hirondelle alerte, 12
Le matin qui fleurit comme un divin rosier 12
Parfume la feuillée étincelante et verte 12
Où les nids amoureux, palpitants, l'aile ouverte, 12
5 À la cime des bois chantent à plein gosier 12
Le matin qui fleurit comme un divin rosier 12
Dans le ciel clair rayé par l'hirondelle alerte. 12
En grêles notes d'or, sur les graviers polis, 12
Les eaux vives, filtrant et pleuvant goutte à goutte, 12
10 Caressent du baiser de leur léger roulis 12
La bruyère et le thym, les glaïeuls et les lys ; 12
Et le jeune chevreuil, que l'aube éveille, écoute 12
Les eaux vives filtrant et pleuvant goutte à goutte 12
En grêles notes d'or sur les graviers polis. 12
15 Le long des frais buissons où rit le vent sonore, 12
Par le sentier qui fuit vers le lointain charmant 12
Où la molle vapeur bleuit et s'évapore, 12
Tous deux, sous la lumière humide de l'aurore, 12
S'en vont entrelacés et passent lentement 12
20 Par le sentier qui fuit vers le lointain charmant, 12
Le long des frais buissons où rit le vent sonore. 12
La volupté d'aimer clôt à demi leurs yeux, 12
Ils ne savent plus rien du vol de l'heure brève, 12
Le charme et la beauté de la terre et des cieux 12
25 Leur rendent éternel l'instant délicieux, 12
Et, dans l'enchantement de ce rêve d'un rêve, 12
Ils ne savent plus rien du vol de l'heure brève, 12
La volupté d'aimer clôt à demi leurs yeux. 12
Dans le ciel clair rayé par l'hirondelle alerte 12
30 L'aube fleurit toujours comme un divin rosier ; 12
Mais eux, sous la feuillée étincelante et verte, 12
N'entendront plus, un jour, les doux nids, l'aile ouverte, 12
Jusqu'au fond de leur cœur chanter à plein gosier 12
Le matin qui fleurit comme un divin rosier 12
35 Dans le ciel clair rayé par l'hirondelle alerte. 12
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