| Le dernier Souvenir |
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J'ai vécu, je suis mort. — Les yeux ouverts, je coule |
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Dans l'incommensurable abîme, sans rien voir, |
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Lent comme une agonie et lourd comme une foule. |
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Inerte, blême, au fond d'un lugubre entonnoir |
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Je descends d'heure en heure et d'année en année, |
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A travers le Muet, l'Immobile, le Noir. |
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Je songe, et ne sens plus. L'épreuve est terminée. |
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Qu'est-ce donc que la vie ? Étais-je jeune ou vieux ? |
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Soleil ! Amour ! — Rien, rien. Va, chair abandonnée ! |
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Tournoie, enfonce, va ! Le vide est dans tes yeux, |
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Et l'oubli s'épaissit et t'absorbe à mesure. |
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Si je rêvais ! Non, non, je suis bien mort. Tant mieux. |
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Mais ce spectre, ce cri, cette horrible blessure ? |
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Cela dut m'arriver en des temps très anciens. |
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O nuit ! Nuit du néant, prends-moi ! — La chose est sûre : |
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Quelqu'un m'a dévoré le cœur. Je me souviens. |
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