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C'est toi que je voudrais, toi mon fils, toi mon frère, |
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Pour m'assister un jour dans l'angoisse dernière ; |
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Oui, toi qui m'as chéri, qui m'as compris : toi seul, |
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Afin de me plier dans l'austère linceul ; |
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Puis, tandis que plus rien, cœur et chair, ne palpite, |
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Quand, timide, au sortir de son corps, l'âme hésite, |
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Oui, seul je te voudrais, penché dans l'ombre, et là. |
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Parlant bas à celui qui, jadis, te parla. |
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L'hiver, près du foyer aux cordiales flammes, |
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De ce mystère où vont, après la mort, les âmes, |
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Me dire : je viendrai sur ta tombe, attends-moi. |
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La nuit, sans te remplir d'un solennel effroi, |
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S'épaissirait ; ta main allumerait, discrètes, |
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Ces lampes qui brillaient dans nos soirs de poètes |
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Tu sentirais, parmi le silence profond. |
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Que mon esprit ailé t'écoute et te répond. |
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Mon visage, oublieux des horreurs du long râle. |
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Sourirait, inondé de sérénité pâle ; |
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Tu me murmurerais : ami, je me souviens ; |
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Sois heureux : à mon tour je romprai mes liens ; |
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Dans ton repos j'aspire, ô mon maître, à te suivre… |
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La nuit s'écoulerait ; tu prendrais quelque livre, |
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Et, de ta voix d'antan, de ta plus tendre voix, |
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Tu me dirais des vers, lus ensemble, autrefois. |
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