Métrique en Ligne
LCA_2/LCA93
Louis LE CARDONNEL
CARMINA SACRA
1912
ORPHICA
VIII
O toi, qui m'apparus sons de limpides cieux, 12
Dans ton adolescence ingénue et ravie, 12
Toi, qui vins consoler mon esprit anxieux 12
En mêlant la fraîcheur de ta vie à ma vie, 12
5 A cause des chemins, ensemble traversés, 12
Alors que le printemps riait dans les ramures : 12
Pour les moments présents, pour les instants passés, 12
Sois béni ; sois béni pour les heures futures. 12
Est-il rien de plus beau dans ce qui prend le cœur, 12
10 El rien de plus suave au cœur que le front d'ange, 12
Le front orphique et blanc d'un tout jeune chanteur ; 12
Qu'un chanteur plus âgé laure de sa louange ? 12
O fils harmonieux des pays du soleil, 12
Enflammé de l'espoir des seuls divins trophées, 12
15 Dans ta jeunesse pure, enlacée au sommeil, 12
Tu murmures encor des rimes étouffées… 12
Ah ! nos jours ne sont pas propices à tes chants ! 12
Tout idéal se meurt, au cœur même des femmes : 12
L'Aède est conspué par les hommes méchants ; 12
20 On rit des grands desseins, on rit des saintes flammes ! 12
Que sera l'Avenir ?… Mais que t'importe à toi ! 12
Dans ces abjections, tu marches, magnifique ; 12
Tu gardes le trésor de ta lyrique foi, 12
Car lu veux conquérir la couronne Delphique. 12
25 Prix de puissants efforts, prix de mâles sueurs, 12
La couronne immortelle, enfin qu'elle te ceigne !… 12
Mais il faut l'acheter avec bien des douleurs : 12
Vois le sommeil s'enfuir, médite, souffre et saigne, 12
Et, pour qu'un jour l'éther justicier et profond. 12
30 Vainement blasphémé par les foules athées. 12
Te reçoive, gravis le sentier rude, où vont. 12
Près du Génie en pleurs, les Vertus insultées 12
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