Métrique en Ligne
LCA_2/LCA92
Louis LE CARDONNEL
CARMINA SACRA
1912
ORPHICA
VII
Ce jour a des tiédeurs qu'on dirait aprilines. 12
Sous un vivant soleil, les fuyantes collines 12
Se dessinent, au loin, dans leur voile léger : 12
La Nature, au printemps semble déjà songer. 12
5 Les oliviers, gardant la paix dans leur feuillage, 12
Ont fini d'essuyer les gouttes de l'orage. 12
Tout me parle de toi parmi cette douceur : 12
J'y sens battre, lointain, mais proche aussi, ton cœur. 12
Pour quelque temps, tu vis dans la Cité bruyante. 12
10 Ah ! que, du moins, ton âme, harmonieuse, y chante 12
Et que rien, par le vent de notre âge apporté, 12
N'y détruise ta force, en tuant ta fierté… 12
Reviens me consoler quand finira l'automne : 12
Tes livres sont ici ; les miens, je te les donne ! 12
15 Nous aurons un hiver tranquille et radieux : 12
Ces poètes anciens, qui ne sont jamais vieux, 12
Nous charmeront avec leurs graves mélodies ; 12
J'admirerai l'essor de tes ailes grandies. 12
La tempête pourra, sous le noir firmament, 12
20 Ménade sans repos errer confusément. 12
Nous n'écouterons pas ses plaintes affolées 12
Retentir dans l'horreur profonde des vallées ; 12
Nous mêlerons nos cœurs, nos extases, nos voix, 12
Tu boiras à la coupe idéale où je bois. 12
25 Alors un plus beau feu luira sous ta paupière ; 12
Tu penseras toucher aux portes de lumière, 12
Tu croiras t'élancer, jeune aigle, d'un vol prompt 12
Et, prophétiquement, tes yeux entreverront, 12
Là-bas, ainsi qu'un ciel dont s'écarte la brume 12
30 L'Avenir, où ton Astre auprès du mien s'allume. 12
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