Métrique en Ligne
LCA_2/LCA90
Louis LE CARDONNEL
CARMINA SACRA
1912
ORPHICA
V
Ami, c'est la charmante et la molle saison, 12
Où l'on mêle le songe avec les causeries : 12
Déjà le bel été brandit ses clairs tisons 12
Sur la forêt fleurie. 6
5 A travers les rameaux, vois-tu brûler l'air bleu ? 12
Ah ! comme le soleil flambe dans les clairières ! 12
V^iens reposer sur l'herbe, enfant aux nobles yeux, 12
Ta tête ardente et fière. 6
Mets ta main dans ma main : et dis-moi longuement, 12
10 De ta voix où je sens trembler toute ta fièvre, 12
Si c'est l'ambition des vulgaires amants 12
Qui fait frémir tes lèvres. 6
Non, de plus grands désirs je te sens agité : 12
La céleste fureur anime tes prunelles ; 12
15 Tu voudrais posséder les terrestres beautés 12
Dans leur forme éternelle. 6
Toi qui n'étais qu'un faible adolescent hier. 12
Maintenant, dans ton âme, il s'élève un murmure, 12
Plus grand et plus profond que la rumeur des mers 12
20 Roulant dans les nuit pures. 6
Mâle enfant, tu seras poète aussi : j'en crois 12
Ce regard qui s'élance et cette ardeur confuse ; 12
Et je vois Remporter dans l'Ether avec moi 12
Le vol divin des Muses. 6
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