Métrique en Ligne
LCA_2/LCA87
Louis LE CARDONNEL
CARMINA SACRA
1912
ORPHICA
II
La clarté du printemps frémit dans les feuillages : 12
L'azur est parsemé de molles formes blanches. 12
C'est un léger matin qui mêle ses nuages 12
Et son soleil aux branches. 6
5 Je vais par les sentiers traversés d'un rayon… 12
Et, tout à coup, voici que dans le vert jardin, 12
Où m'accompagnaient seuls et mon Dante et Platon, 12
M'entoure un jeune essaim… 6
C'est vous que j'attendais, belle troupe ingénue. 12
10 Il suffit pour trouver des chants que je vous voie ; 12
Ma tendresse vous est depuis longtemps connue : 12
Venez, ma pure joie. 6
Enivrés de l'éclat du matin enchanté, 12
Formons un groupe errant, de liens d'or uni : 12
15 Vous, recevant les dons de ma maturité, 12
Moi, par vous, rajeuni. 6
Je vous prodiguerai mon intime richesse, 12
Ma raison parlera la langue de la Lyre. 12
A-fin de mieux charmer, il faut que la Sagesse 12
20 Ait un divin délire ! 6
— Je dis, et cependant que s'élève ma voix, 12
Comme la voix orphique aux âges primitifs, 12
Sur mes pas, empressés, les yeux clairs, je les vois 12
Ardemment attentifs. 6
25 Si le temps qui flétrit et qui métamorphose, 12
Doit emporter jamais cette candeur que j'aime, 12
Ah ! leurs âmes du moins garderont quelque chose 12
Des germes que j'y sème. 6
Mais toi, parmi le chœur de ces adolescents, 12
30 Que ma lyrique main voudrait tous couronner, 12
Tu te dresses plus fier, et sur ton front je sens 12
De grands destin planer. 6
Parfois ton âme y songe, et sur ton pur visage, 12
Qui, déjà méditant, prend des teintes moins vives. 12
35 S'unissent doucement les grâces de ton âge, 12
Et les vertus pensives. 6
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