Métrique en Ligne
LCA_2/LCA76
Louis LE CARDONNEL
CARMINA SACRA
1912
CHANTS D'OMBRIE ET DE TOSCANE
A ADOLFO DE BOSIS
Adolfo, je suis loin : mais ta sereine image 12
Me revient doucement. 6
Je te revois là-bas, sous l'accueillant ombrage 12
Troué de firmament. 6
5 Nous récitons des vers : les tiens d'abord si fermes, 12
Pleins de saine vigueur, 6
Les tiens, où l'Avenir fait palpiter ses germes, 12
Et qui viennent du cœur. 6
J'entends ta voix sonore, et grave et mesurée : 12
10 La belle après-midi 6
Se prolonge, annonçant une belle soirée ; 12
L'air circule, attiédi. 6
Autour de toi, rangés, c'est l'épouse fidèle, 12
Au sage et doux regard ; 6
15 C'est ta fille au front chaste, et tes enfants près d'elle 12
Puis les compagnons d'Art. 6
Nous sommes attentifs : nos yeux suivent ton geste : 12
Et le chantant jet d'eau 6
Semble, tout rayonnant de la gloire céleste, 12
20 Un fluide flambeau. 6
Toi, tu vas déroulant quelque sixtine lente, 12
Ou lançant d'un seul trait 6
L'ode. Et le parc autour, ton parc où l'oiseau chante. 12
Prend des airs de forêt. 6
25 Ainsi tu m'apparus toujours, soit que rayonne 12
La grâce du printemps, 6
Soit que l'été flamboie. Et j'ai, plus que personne, 12
Aimé ces purs instants. 6
Seul, perdu dans la Ville où m'accablaient mes peines. 12
30 Où tout m'abandonna, 6
Je l'évoquais, au fond d'un sentier de troènes. 12
Ta Villa Diana. 6
Ah ! par toutes saisons, elle invite, elle accueille : 12
Elle est une oasis. 6
35 Qu'enchante encor ta voix, lorsque tombe la feuille, 12
Adolfo de Bosis. 6
Les Muses, l'hiver môme, y passent sous les branches, 12
Leurs sandales aux pieds : 6
Et, calme, elle s'endort sous les étoiles blanches, 12
40 Dans un vent de lauriers. 6
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