Métrique en Ligne
LCA_2/LCA71
Louis LE CARDONNEL
CARMINA SACRA
1912
CHANTS D'OMBRIE ET DE TOSCANE
A BINO BINAZZI
Binazzi, le matin est venu plus léger. 12
Ce monde où le poète est comme un étranger 12
Te sourit : laisse là tes ennuis de la veille ; 12
Chasse l'affreuse nuit et sois tel qu'une abeille 12
5 Qui chercherait son miel en oubliant son dard : 12
Templier d'aujourd'hui, lève ton étendard. 12
Vois, vers le clair jardin les oiseaux nous convient : 12
Assise est sous nos pieds ; les cloches psalmodient. 12
Des enfants tout à l'heure ont accueilli nos pas, 12
10 Et je suis de ceux-là qui ne t'oppriment pas. 12
Je poserai mon bras sur ton bras, nos paroles 12
Ne s'égareront point en entretiens frivoles. 12
Tu me diras tes jours, ton destin traversé. 12
Je saurai les moments divins de ton passé, 12
15 Puis les travaux souvent payés d'ingratitude ; 12
Je saurai ta pensive et dure solitude. 12
Tu me réciteras, nés longuement, tes vers. 12
Ah ! qu'ils t'ont consolé, bien qu'ils fussent amers 12
La gloire à conquérir est rude, mais qu'importe 12
20 Que nous devions un jour forcer sa sombre porte ! 12
Ce qui compte est d'avoir, par son âme, exalté 12
Des âmes ; c'est d'avoir désiré la Beauté ! 12
Laisse tomber les jours, puisque tu les fécondes, 12
Laisse les soleils fuir, laisse mourir les mondes. 12
25 Je te dirai cela, peut-être, et, Binazzi, 12
Tu t'en iras, d'un souffle auguste ressaisi, 12
Et de disciples fiers une troupe serrée 12
Marchera sur tes pas, en Légion sacrée. 12
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