Métrique en Ligne
LCA_2/LCA117
Louis LE CARDONNEL
CARMINA SACRA
1912
MÉDITATIONS ET CANTIQUES
ENCORE POUR L'AUTOMNE
A Pierre Quillard.
Alors qu'il vient à nous : quand sa douceur éclaire 12
Les bois, d'où fuit l'été, sylvain au fauve cri, 12
Après vous, ô lueurs du grand temple stellaire, 12
C'est l'Automne surtout que j'ai toujours chéri. 12
5 Mais je dois plus aimer encor tout ce que j'aime : 12
Car, s'emparant d'un cœur, où le chant se taira. 12
Bientôt, hélas ! bientôt, mon automne à moi-même, 12
Sans me dorer le front, sévèrement viendra… 12
J'irai donc, ressaisi par la grâce poignante 12
10 D'octobre, où le cristal des cieux s'approfondit : 12
Et je le chanterai son charme qui me hante 12
Oubliant que, déjà, mes stances l'ont redit. 12
Comme des flots jaillis d'une source profonde. 12
Sentant mes pleurs d'extase avec lenteur couler, 12
15 Je remplirai mes yeux de la beauté du monde 12
En regardant les jours lumineux s'en aller. 12
Oui, ce sera ma haute et ma suprême joie : 12
Aspirant tout le calme épars sous l'horizon, 12
De me faire, tandis que la forêt rougeoie, 12
20 Une âme de splendeur, en l'arrière-saison. 12
Avec la majesté des visions antiques. 12
Puisse dans ce vallon, au gazon d'or fané. 12
Un chœur d'Espoirs sacrés et de Pensers rythmiques 12
Glisser pour moi sur l'or du grand astre incliné. 12
25 Et quand viendra la nuit mélancolique, où passe 12
Un vent, qui sent déjà l'hiver aux soirs cruels, 12
Que mon regard, épris de tes soleils, espace, 12
Cherche encore, là-haut, leurs foyers immortels. 12
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