Métrique en Ligne
LCA_2/LCA113
Louis LE CARDONNEL
CARMINA SACRA
1912
MÉDITATIONS ET CANTIQUES
PRÆCONIUM PASCHALE
Le temps est revenu de nos fêtes sereines : 12
Voici finir les jours de désolation. 12
Que l'on n'entende plus, en lamentables thrènes, 12
Gémir l'opprobre de Sion. 8
5 Relevez-vous, ô fronts prostrés dans la poussière ; 12
Retrouvez des élans joyeux, cœurs pénitents. 12
Voyez, tout se ranime et rit dans la lumière : 12
C'est la vie et c'est le printemps. 8
Avril, l'ardent avril étreint la terre éprise, 12
10 Et, tandis qu'au zénith monte l'astre vermeil, 12
Le cycle de la vieille et toujours jeune Église 12
Nous ramène le vrai Soleil. 8
Que les purs chants latins s'exaltent à sa gloire : 12
Et, pour le figurer surgissant du tombeau, 12
15 Sous ta riche tunique, et d'un air de victoire, 12
Diacre, lève ton flambeau ! 8
Annonce que, demain, le Fort, le Pacifique 12
Les fera ruisseler nos larmes de bonheur… 12
La clarté brille enfin de ce jour, magnifique 12
20 Entre les fastes du Seigneur. 8
Le pontife joyeux, que la foule contemple, 12
Saint vieillard qui verra d'autres Pâques encor, 12
En des vapeurs d'encens, vers l'abside du temple, 12
Trône dans ses vêtements d'or. 8
25 Le peuple est ressaisi par l'esprit des ancêtres. 12
Plus d'un homme incliné frémit comme un enfant ; 12
La voix de l'orgue éclate, et tout le chœur des prêtres 12
Acclame le Christ triomphant. 8
Salut à ce Héros de la sainte Louange ! 12
30 C'est lui que le Prophète, au fond des temps montra, 12
Pareil au vendangeur, rouge de sa vendange, 12
Qui vient d'Édom et de Bosra. 8
Lui qui nous a lavés de l'antique anathème, 12
Dans les généreux flots de son sang répandu ; 12
35 Et qui voulut pour nous, en l'achetant Lui-même, 12
Rouvrir plus beau le Ciel perdu. 8
Voyez-la resplendir la Victime pascale : 12
Prémices de ceux-là qui seront couronnés. 12
Tout son sang lui devient une pourpre royale, 12
40 Devant les Anges prosternés. 8
Il exulte, l'Agneau, dans sa vigueur divine 12
Son règne commencé n'aura pas de déclin : 12
C'est le Vainqueur, qui porte, ouvert sur sa poitrine. 12
Le Livre, aux sceaux brisés enfin !… 8
45 Mais le temps est rapide, et la dernière antienne 12
S'éteint avec le jour, qui commence à pâlir. 12
Il meurt… Ah ! que, du moins, notre vie en retienne 12
Le reflet, pour s'en embellir. 8
Bien morts, avec le Christ, à tout ce qui nous souille, 12
50 Sentant l'homme nouveau tressaillir dans nos cœurs. 12
Ne la reprenons pas notre vieille dépouille, 12
De ce monde, et de nous, vainqueurs. 8
Sourions à l'espoir de notre récompense, 12
Et qu'à nos fronts rayonne une telle clarté, 12
55 Qu'il semble que pour nous, dès ici-bas, commence 12
La Pâque de l'Éternité. 8
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