Métrique en Ligne
LAP_13/LAP185
Victor de LAPRADE
LE LIVRE D'UN PÈRE
1877
XXVII
ILS SONT MA VIE
Je suis vieux et presque un aïeul ; 8
Et, si la maison n’était pleine, 8
Je me sentirais vivre à peine… 8
N’étant plus rien, si j’étais seul ! 8
5 Je serais muet, mort peut-être ; 8
Je n’aurais plus espoir ni foi, 8
Si chez vous je ne voyais naître 8
Ce que l’âge a détruit chez moi ; 8
Si, déjà, vos jeunes arbustes, 8
10 Sous mes baisers et sous mes pleurs, 8
Chargés de feuilles et de fleurs, 8
Ne poussaient des branches robustes ; 8
Si vous n’étiez déjà partis, 8
Fiers de m’aider sur notre voie, 8
15 Portant avec vous, chers petits, 8
Ma vertu, ma force et ma joie. 8
Je n’ai plus vaillance ou gaîté, 8
Je n’ai plus rien de ce qu’on aime ; 8
Prenez tout ce qui m’est ôté ! 8
20 Travail, ardeur, amitié même. 8
Oublié de tous, près de vous, 8
Si je vous vois, forts et fidèles, 8
Tâchant d’atteindre mes modèles… 8
Mon déclin me semblera doux. 8
25 Sans plus dépenser de courage, 8
Je me croirai jeune et vaillant, 8
Si vous frappez un coup brillant 8
Dans le repos de mon vieil âge. 8
Et je pourrai vous dire adieu, 8
30 Mes œuvres étant bien complètes, 8
Fier de léguer cinq bons athlètes 8
A mon nom, à la France, à Dieu. 8
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