Métrique en Ligne
LAP_13/LAP179
Victor de LAPRADE
LE LIVRE D'UN PÈRE
1877
XXI
LE PRINTEMPS D’UN PÈRE
En vain, de sa douce voix, 7
Dans nos bois 3
La brise de mai soupire ; 7
Les chênes, mes vieux amis, 7
5 Endormis, 3
Ne savent plus rien me dire. 7
En vain, lorsque je m’assieds, 7
A leurs pieds, 3
Sourit l’œil bleu des pervenches, 7
10 Et voltigent les chansons 7
Des pinsons 3
Sur les aubépines blanches. 7
Avec ses fraîches odeurs, 7
Ses splendeurs, 3
15 Ses concerts, sa vive haleine, 7
Le printemps, — qui m’enivrait, — 7
Reparaît 3
Et moi je le sens à peine ! 7
Car je souffre et je suis las ; 7
20 J’entre, hélas ! 3
Dans la vieillesse inféconde. 7
Par le temps et les soucis, 7
Obscurcis, 3
Mes yeux se ferment au monde. 7
25 Mais, si je regarde en moi, 7
J’y revois 3
Verdoyer la Poésie, 7
Sans plus emprunter aux fleurs 7
Des couleurs, 3
30 Des tableaux de fantaisie. 7
J’y cueille, au fort des hivers, 7
Pour mes vers, 3
Mieux que les roses vermeilles, 7
Plus douces que les oiseaux 7
35 Et les eaux, 3
Des voix flattent mes oreilles. 7
J’ai dans mon cœur, riche encor, 7
Un trésor ; 3
J’ai ma tendresse infinie ; 7
40 Sous mon toit j’ai le printemps, 7
Et j’entends 3
Son éternelle harmonie. 7
Car j’ai vos fredons joyeux. 7
Vos grands yeux 3
45 Pleins de sourire et de flammes : 7
J’ai surtout, — perles sans prix, — 7
Mes chéris ! 3
Vos belles petites âmes. 7
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