Métrique en Ligne
LAP_13/LAP160
Victor de LAPRADE
LE LIVRE D'UN PÈRE
1877
II
L’ENFANT GRONDÉ
Je t’ai grondé !… trop fort peut-être ! 8
Et je me sens tout soucieux 8
En voyant grossir dans tes yeux 8
Ces deux larmes que j’ai fait naître. 8
5 Je m’étais trop vite irrité 8
D’un tort pur de toute malice : 8
C’est oubli, c’est légèreté, 8
Et ton cœur n’était pas complice. 8
Je t’aurai dit, dans mon émoi, 8
10 Quelque vive et dure parole… 8
Mon bon enfant que je désole, 8
Va ! j’en souffre encor plus que toi. 8
Qu’il en coûte d’être sévère ! 8
Tâche, ami, de te souvenir 8
15 Du chagrin que se fait ton père 8
Quand il faut gronder et punir. 8
Garde sa douloureuse image 8
Dans ton petit cœur bien aimant ; 8
Si tu songes à ce moment, 8
20 Tu seras toujours, toujours sage ! 8
Oh oui ! c’est la dernière fois 8
Que tu fais mal et que je gronde. 8
Tu m’as bien compris, je le vois ; 8
Tu relèves ta tête blonde, 8
25 Tu t’élances sur mes genoux… 8
Viens, viens ! c’est moi qui te rappelle ; 8
Vite, oublions notre querelle, 8
Mon cher petit, embrassons-nous ! 8
logo du CRISCO logo de l'université