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Victor de LAPRADE
POÈMES CIVIQUES
1873
LIVRE DEUXIÈME
VII
AUX OISEAUX DE LA PÉPINIÈRE
Voici le temps du renouveau 8
Où l'œuvre en fleurs jaillit du rêve. 8
Où le vieux jardin est plus beau, 8
Où Dieu prodigue à tout la sève. 8
5 A l'ombre des bois plus épais 8
L'âme est de lumière imprégnée ; 8
Ces rameaux implorent la paix… 8
Et l'homme affile sa cognée. 8
Quittez vos nids de la saison, 8
10 Fuyez, oiseaux, ces branches frêles ; 8
Un espoir brille à l'horizon… 8
Ouvrez vos ailes ! 4
On respire de toute part 8
La verte odeur de la jeunesse ; 8
15 Le sol fermente et, tôt ou tard, 8
Il faut qu'un jardin vous renaisse. 8
Partout, narguant les bûcherons, 8
Se dressent les forcis hardies, 8
Et, des hêtres aux liserons, 8
20 Feuilles et fleurs sont reverdies. 8
Vous aurez encor des printemps, 8
Oiseaux, et des amours fidèles 8
Sur de vieux chênes de cent ans… 8
Ouvrez vos ailes ! 4
25 J'en sais un, sur le sol gaulois. 8
Immortel malgré ses blessures, 8
Et qui garde, en dépit des rois, 8
Son ombrage aux races futures. 8
Arrosé du sang des aïeux, 8
30 Il a grandi la tête haute ; 8
Volez au chêne, oiseaux joyeux. 8
Loin de ces lilas qu'on vous ôte. 8
Vaillants oiseaux, volez encor 8
A travers les vents et les grêles ! 8
35 Pour l'atteindre il faut un essor… 8
Ouvrez vos ailes ! 4
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