LIVRE DEUXIÈME |
V |
A DES MARTYRS |
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« Le jour n'est pas venu, » disent-ils… que t'importe ! |
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L'héroïsme est chez toi l'œuvre de tous les jours. |
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Non, Pologne du Christ, non, non, tu n'es pas morte ! |
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Tu forceras le Ciel à te porter secours. |
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Devant tes morts d'hier la haine s'est trompée : |
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A voir un peuple entier portant son propre deuil, |
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A voir tes fils tomber sans tirer leur épée |
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Et le prêtre appelé pour bénir leur cercueil, |
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Tes bourreaux se sont crus plus sûrs de la dépouille… |
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Et ce monde, incrédule au Dieu que tu gardas. |
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Pensait : « Une cité qui prie et s'agenouille |
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A des martyrs encor… mais n'a plus de soldats ! |
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Voyez, s'ils sont debout et prêts pour les batailles, |
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Ceux qui se prosternaient hier dans le saint lieu. |
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Qui chantaient à l'autel le chant des funérailles, |
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Qui frappaient leur poitrine et pleuraient devant Dieu : |
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Tu vaincras, ô Pologne ! ou martyre ou guerrière, |
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Et plus d'un trône encor doit crouler avant toi ; |
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Mais garde en combattant l'arme de la prière. |
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Tu sauveras ton nom si tu sauves ta foi. |
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Garde ce jong du Christ où notre orgueil se cabre. |
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Lorsque tes jeunes fils gagnent leurs éperons, |
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Laisse encor tes vieux chefs faire, en tirant le sabre, |
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Le signe de la croix au front des escadrons. |
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Prie, oh ! prie ! à ton aide il ne viendra personne, |
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Hormis ce Dieu martyr à qui tu dis : Je crois. |
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Sur tes guérets sanglants le monde t'abandonne |
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Seule avec ton épée et seule avec ta croix. |
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Si tu croyais en nous, sois enfin détrompée ! |
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Au pied Je ton calvaire entends ces désaveux. |
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Celte France, ta sœur, elle est trop occupée ! |
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Tu n'auras rien de nous, rien !.., à peine des vœux |
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Cette France, a-t-on dit, combat pour des doctrines. |
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Nous propageons au loin le droit universel ! |
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Nous avons largement tiré de nos poitrines |
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Du sang pour Mahomet et pour Machiavel. |
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Jamais pour toi, Pologne, oh ! jamais une goutte ! |
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Tourne ailleurs ton espoir, ne nous tends plus les bras |
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Le sang et l'or français ont pris une autre route… |
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Oui, tu resteras seule… et pourtant tu vaincras. |
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Gloire au peuple insensé qui lutte un contre mille ; |
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Qui meurt pour son vieux nom, pour son Dieu paternel. |
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Qui se fait un tombeau des débris de sa ville ! |
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Vous parlez de périr… Ce peuple est éternel ! |
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Il porte dans ses flancs l'esprit qui fait revivre. |
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L'avenir, l'avenir est à celui qui croit ! |
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Allumant de ses mains un feu qui le délivre, |
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Sur son bûcher sanglant il raffermit son droit. |
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Tu sais trop bien mourir, peuple, tu seras libre ! |
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En vain tes ennemis t'environnent de tours ; |
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En vain l'Europe ingrate, au nom de l'équilibre, |
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T'enferme en un champ clos avec tes trois vautours. |
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Tu vivras ! pour n'avoir compté que sur toi-même ; |
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Pour avoir dans ton cœur cherché ton seul appui. |
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Tu vivras ! pour avoir respecté ton baptême |
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Et proclamé le Christ, qu'on renie aujourd'hui. |
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Tu vivras par tes morts, ô mère désolée ! |
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Par le sang de tes fils accablés, mais vainqueurs ! |
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Si nul Français n'accourt sur ta neige isolée |
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Pour t'aider de son bras… tous t'ont voué leurs cœurs |
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Il se forme, en ton nom, une ligue invisible, |
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Un complot de pitié qu'on ne peut étouffer… |
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Prêchons, Muses, prêchons la croisade paisible ! |
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Et, cette fois encor, l'esprit vaincra le fer. |
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C'est à vous, ô martyrs ! que la gloire en demeure, |
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Laissez-nous la prudence et le calcul étroit… |
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Lutte, ô peuple héroïque, en attendant notre heure |
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Aussi bien qu'à ton Dieu, sois fidèle à ton droit, |
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