LIVRE QUATRIÈME |
HARMONIE II |
INVOCATION POUR LES GRECS |
1826.
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N'es-tu plus le Dieu des armées, |
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N'es-tu plus le Dieu des combats ? |
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Ils périssent, Seigneur, si tu ne réponds pas ! |
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L'ombre du cimeterre est déjà sur leurs pas ! |
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Aux livides lueurs des cités enflammées, |
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Vois-tu ces bandes désarmées, |
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Ces enfants, ces vieillards, ces vierges alarmées ? |
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Ils flottent au hasard de l'outrage au trépas, |
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Ils regardent la mer, ils te tendent les bras ; |
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N'es-tu plus le Dieu des armées ? |
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N'es-lu plus le Dieu des combats ? |
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Jadis tu te levais ! tes tribus palpitantes |
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Criaient : Seigneur ! Seigneur ! ou jamais, ou demain ! |
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Tu sortais tout armé, tu combattais ! soudain |
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L'Assyrien frappé tombait sans voir la main ; |
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D'un souffle de ta peur tu balayais ses tentes, |
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Ses ossements blanchis nous traçaient le chemin ! |
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Où sont-ils ? où sont-ils ces sublimes spectacles |
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Qu'ont vus les flots de Gad et les monts de Séirs ? |
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Eh quoi ! la terre a des martyrs, |
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Et le ciel n'a plus de miracles ? |
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Cependant tout un peuple a crié : Sauve-moi ; |
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Nous tombons en ton nom, nous périssons pour toi ! |
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Les monts l'ont entendu ! les échos de l'Attique |
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De caverne en caverne ont répété ses cris, |
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Athène a tressailli sous sa poussière antique, |
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Sparte les a roulés de débris en débris ! |
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Les mers l'ont entendu ! Les vagues sur leurs plages, |
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Les vaisseaux qui passaient, les mâts l'ont entendu ! |
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Les lions sur l'Œta, l'aigle au sein des nuages ; |
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Et toi seul, ô mon Dieu ! tu n'as pas répondu ! |
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Ils t'ont prié, Seigneur, de la nuit à l'aurore, |
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Sous tous les noms divins où l'univers t'adore ; |
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Ils ont brisé pour toi leurs dieux, ces dieux mortels ; |
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Ils ont pétri, Seigneur, avec l'eau des collines, |
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La poudre des tombeaux, les cendres des ruines, |
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Pour te fabriquer des autels ! |
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Des autels à Délos ! des autels sur Égine ! |
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Des autels à Platée, à Leuctre, à Marathon ! |
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Des autels sur la grève où pleure Salamine ! |
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Des autels sur le cap où méditait Platon ! |
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Les prêtres ont conduit le long de leurs rivages |
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Des femmes, des vieillards qui t'invoquaient en chœurs, |
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Des enfants jetant des fleurs |
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Devant les saintes images. |
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Et des veuves en deuil qui cachaient leurs visages |
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Dans leurs mains pleines de pleurs ! |
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Le bois de leurs vaisseaux, leurs rochers, leurs murailles |
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Les ont livrés vivants à leurs persécuteurs. |
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Leurs têtes ont roulé sous les pieds des vainqueurs, |
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Comme des boulets morts sur les champs de batailles ; |
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Les bourreaux ont plongé la main dans leurs entrailles ; |
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Mais ni le fer brûlant ; Seigneur, ni les tenailles. |
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N'ont pu t'arracher de leurs cœurs ! |
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Et que disent. Seigneur, ces nations armées, |
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Contre ce nom sacré que tu ne venges pas : |
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Tu n'es plus le Dieu des armées ! |
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Tu n'es plus le Dieu des combats ! |
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