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LAM_7/LAM115
Alphonse de LAMARTINE
HARMONIES POÉTIQUES ET RELIGIEUSES
1830
LIVRE TROISIÈME
HARMONIE III
LE CRI DE L'ÂME
Quand le souffle divin qui flotte sur le monde 12
S'arrête sur mon âme ouverte au moindre vent. 12
Et la fait tout à coup frissonner comme une onde 12
Où le cygne s'abat dans un cercle mouvant ! 12
5 Quand mon regard se plonge au rayonnant abîme 12
Où luisent ces trésors du riche firmament, 12
Ces perles de la nuit que son souffle ranime, 12
Des sentiers du Seigneur innombrable ornement, 12
Quand d'un ciel de printemps l'aurore qui ruisselle, 12
10 Se brise et rejaillit en gerbes de chaleur, 12
Que chaque atome d'air roule son étincelle, 12
Et que tout sous mes pas devient lumière ou fleur ! 12
Quand tout chante ou gazouille, ou roucoule ou bourdonne, 12
Que d'immortalité tout semble se nourrir, 12
15 Et que l'homme ébloui de cet air qui rayonne, 12
Croit qu'un jour si vivant ne pourra plus mourir ! 12
Quand je roule en mon sein mille pensers sublimes. 12
Et que mon faible esprit ne pouvant les porter 12
S'arrête en frissonnant sur les derniers abîmes, 12
20 Et, faute d'un appui, va s'y précipiter ! 12
Quand, dans le ciel d'amour où mon âme est ravie. 12
Je presse sur mon cœur un fantôme adoré. 12
Et que je cherche en vain des paroles de vie 12
Pour l'embraser du feu dont je suis dévoré ! 12
25 Quand je sens qu'un soupir de mon âme oppressée 12
Pourrait créer un monde en son brûlant essor. 12
Que ma vie userait le temps, que ma pensée 12
En remplissant le ciel déborderait encor ! 12
Jéhovah ! Jéhovah ! ton nom seul me soulage ! 12
30 Il est le seul écho qui réponde à mon cœur ! 12
Ou plutôt ces élans, ces transports sans langage, 12
Sont eux-même un écho de ta propre grandeur ! 12
Tu ne dors pas souvent dans mon sein, nom sublime ! 12
Tu ne dors pas souvent sur mes lèvres de feu : 12
35 Mais chaque impression t'y trouve et l'y ranime. 12
Et le cri de mon âme est toujours toi, mon Dieu ! 12
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