Métrique en Ligne
LAM_3/LAM85
Alphonse de LAMARTINE
MÉDITATIONS POÉTIQUES
TROISIÈMES MÉDITATIONS
1812-1847
SEIZIÈME MÉDITATION
SALUT À L’ÎLE D’ISCHIA
1812
Il est doux d’aspirer, en abordant la grève, 12
Le parfum que la brise apporte à l’étranger, 12
Et de sentir les fleurs que son haleine enlève 12
Pleuvoir sur votre front du haut de l’oranger. 12
5 Il est doux de poser sur le sable immobile 12
Un pied lourd, et lassé du mouvement des flots ; 12
De voir les blonds enfants et les femmes d’une île 12
Vous tendre les fruits d’or sous leurs treilles éclos. 12
Il est doux de prêter une oreille ravie 12
10 À la langue du ciel, que rien ne peut ternir ; 12
Qui vous reporte en rêve à l’aube de la vie, 12
Et dont chaque syllabe est un cher souvenir. 12
Il est doux, sur la plage où le monarque arrive, 12
D’entendre aux flancs des forts les salves du canon ; 12
15 De l’écho de ses pas faire éclater la rive, 12
Et rouler jusqu’au ciel les saluts à son nom. 12
Mais de tous ces accents dont le bord vous salue, 12
Aucun n’est aussi doux sur la terre ou les mers 12
Que le son caressant d’une voix inconnue, 12
20 Qui récite au poëte un refrain de ses vers 1. 12
Cette voix va plus loin réveiller son délire 12
Que l’airain de la guerre ou l’orgue de l’autel. 12
Mais quand le cœur d’un siècle est devenu sa lyre, 12
L’écho s’appelle gloire, et devient immortel. 12
En arrivant au port d’Ischia, l’auteur entendit une jeune fille
réciter une strophe de ses vers.
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