Métrique en Ligne
LAM_2/LAM66
Alphonse de LAMARTINE
MÉDITATIONS POÉTIQUES
SECONDES MÉDITATIONS
1823
VINGT-CINQUIÈME MÉDITATION
IMPROVISÉE À LA GRANDE-CHARTREUSE
Jéhovah de la terre a consacré les cimes ; 12
Elles sont de ses pas le divin marchepied ; 12
C’est là qu’environné de ses foudres sublimes 12
Il vole, il descend, il s’assied. 8
5 Sina, l’Olympe même, en conservent la trace : 12
L’Oreb, en tressaillant, s’inclina sous ses pas ; 12
Thor entendit sa voix, Gelboé vit sa face ; 12
Golgotha pleure son trépas. 8
Dieu que l’Hébron connaît, Dieu que Cédar adore, 12
10 Ta gloire à ces rochers jadis se dévoila ; 12
Sur le sommet des monts nous te cherchons encore : 12
Seigneur, réponds-nous ; es-tu là ? 8
Paisibles habitants de ces saintes retraites, 12
Comme au pied de ces monts où priait Israël, 12
15 Dans le calme des nuits, des hauteurs où vous êtes 12
N’entendez-vous donc rien du ciel ? 8
Ne voyez-vous jamais les divines phalanges 12
Sur vos dômes sacrés descendre et se pencher ? 12
N’entendez-vous jamais des doux concerts des anges 12
20 Retentir l’écho du rocher ? 8
Quoi ! l’âme en vain regarde, aspire, implore, écoute : 12
Entre le ciel et nous est-il un mur d’airain ? 12
Vos yeux toujours levés vers la céleste voûte, 12
Vos yeux sont-ils levés en vain ? 8
25 Pour s’élancer, Seigneur, où ta voix les appelle, 12
Les astres de la nuit ont des chars de saphirs ; 12
Pour s’élever à toi, l’aigle au moins a son aile : 12
Nous n’avons rien que nos soupirs. 8
Que la voix de tes saints s’élève et te désarme : 12
30 La prière du juste est l’encens des mortels. 12
Et nous, pécheurs, passons : nous n’avons qu’une larme 12
À répandre sur tes autels. 8
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