Métrique en Ligne
LAM_1/LAM28
Alphonse de LAMARTINE
MÉDITATIONS POÉTIQUES
PREMIÈRES MÉDITATIONS
1820
VINGT-HUITIÈME MÉDITATION
À UNE FLEUR SÉCHÉE DANS UN ALBUM
1827
Il m’en souvient, c’était aux plages 8
Où m’attire un ciel du midi, 8
Ciel sans souillure et sans orages, 8
Où j’aspirais sous les feuillages 8
5 Les parfums d’un air attiédi. 8
Une mer qu’aucun bord n’arrête 8
S’étendait bleue à l’horizon ; 8
L’oranger, cet arbre de fête, 8
Neigeait par moments sur ma tête ; 8
10 Des odeurs montaient du gazon. 8
Tu croissais près d’une colonne 8
D’un temple écrasé par le temps ; 8
Tu lui faisais une couronne, 8
Tu parais son tronc monotone 8
15 Avec tes chapiteaux flottants ; 8
Fleur qui décores la ruine 8
Sans un regard pour t’admirer ! 8
Je cueillis ta blanche étamine, 8
Et j’emportai sur ma poitrine 8
20 Tes parfums pour les respirer. 8
Aujourd’hui, ciel, temple et rivage, 8
Tout a disparu sans retour : 8
Ton parfum est dans le nuage, 8
Et je trouve, en tournant la page, 8
25 La trace morte d’un beau jour ! 8
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