Métrique en Ligne
LAF_2/LAF68
Jules LAFORGUE
Les Complaintes
1885
COMPLAINTE DES CONDOLÉANCES AU SOLEIL
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Décidément, bien Don Quichotte et pas peu sale, 12
Ta Police, ô Soleil ! Malgré tes grands Levers, 12
Et tes couchants des beaux Sept-Glaives abreuvés, 12
Rosaces en sang d'une aveugle Cathédrale ! 12
5 Sans trêve, aux spleens d'amour sonner des hallalis ! 12
Car, depuis que, majeur, ton fils calcule et pose, 12
Labarum des glaciers ! Fais-tu donc autre chose 12
Que chasser devant toi des dupes de leurs lits ? 12
Certes, dès qu'aux rideaux aubadent tes fanfares, 12
10 Ces piteux d'infini, clignant de gluants deuils, 12
Rhabillent leurs tombeaux, en se cachant de œil 12
Qui cautérise les citernes les plus rares ! 12
Mais tu ne te dis pas que, là-bas, bon Soleil, 12
L'autre moitié n'attendait que ta défaillance, 12
15 Et déjà se remet à ses expériences, 12
Alléguant quoi ! La nuit, l'usage, le sommeil… 12
Or, à notre guichet, tu n'es pas mort encore, 12
Pour aller fustiger de rayons ces mortels, 12
Que nos bateaux sans fleurs rerâlent vers leurs ciels 12
20 D'où pleurent des remparts brodés contre l'aurore ! 12
Alcôve des Danaïdes, triste astre ! ‒ et puis, 12
Ces jours où, tes fureurs ayant fait les nuages, 12
Tu vas sans pouvoir les percer, blême de rage 12
De savoir seul et tout à ses aises l'Ennui ! 12
25 Entre nous donc, bien don Quichotte, et pas moins sale, 12
Ta Police, ô Soleil, malgré tes grands Levers, 12
Et tes couchants des beaux Sept-Glaives abreuvés, 12
Rosaces en sang d'une aveugle Cathédrale ! 12
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