Métrique en Ligne
LAF_2/LAF49
Jules LAFORGUE
Les Complaintes
1885
COMPLAINTE DE L'ANGE INCURABLE
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Je t'expire mes Cœurs bien barbouillés de cendres ; 12
Vent esquinté de toux des paysages tendres ! 12
Où vont les gants d'avril, et les rames d'antan ? 12
L'âme des hérons fous sanglote sur l'étang. 12
5 Et vous, tendres 3
D'antan ? 2
Le hoche-queue pépie aux écluses gelées ; 12
L'amante va, fouettée aux plaintes des allées. 12
Sais-tu bien, folle pure, où sans châle tu vas ? 12
10 ‒ Passant oublié des yeux gais, j'aime là-bas… 12
‒ En allées 3
Là-bas ! 2
Le long des marbriers (Encore un beau commerce ! ) 12
Patauge aux défoncés un convoi, sous l'averse. 12
15 Un trou, qu'asperge un prêtre âgé qui se morfond, 12
Bâille à ce libéré de l'être ; et voici qu'on 12
Le déverse 3
Au fond. 2
Les moulins décharnés, ailes hier allègres, 12
20 Vois, s'en font les grands bras du haut des coteaux maigres ! 12
Ci-gît n'importe qui. Seras-tu différent, 12
Diaphane d'amour, ô Chevalier-Errant ? 12
Claque, ô maigre 3
Errant ! 2
25 Hurler avec les loups, aimer nos demoiselles, 12
Serrer ces mains sauçant dans de vagues vaisselles ! 12
Mon pauvre vieux, il le faut pourtant ! Et puis, va, 12
Vivre est encor le meilleur parti ici-bas. 12
Non ! Vaisselles 3
30 D'ici-bas ! 3
Au-delà plus sûr que la Vérité ! Des ailes 12
D'Hostie ivre et ravie aux cités sensuelles ! 12
Quoi ! Ni Dieu, ni l'art, ni ma Sœur Fidèle ; mais 12
Des ailes ! Par le blanc suffoquant ! À jamais, 12
35 Ah ! Des ailes 3
À jamais ! 3
‒ Tant il est vrai que la saison dite d'automne 12
N'est aux cœurs mal fichus rien moins que folichonne. 12
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