Métrique en Ligne
LAF_2/LAF35
Jules LAFORGUE
Les Complaintes
1885
COMPLAINTE DES VOIX
SOUS LE FIGUIER BOUDDHIQUE
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LES COMMUNIANTES
Ah ! Ah ! 2
Il neige des hosties 6
De soie, anéanties ! 6
Ah ! Ah ! 2
5 Alléluia ! 4
LES VOLUPTANTES
La lune en son halo ravagé n'est qu'un œil 12
Mangé de mouches, tout rayonnant des grands deuils, 12
Vitraux mûrs, déshérités, flagellés d'aurore, 12
Les Yeux Promis sont plus dans les grands deuils encore. 12
LES PARANYMPHES
10 Les concetti du crépuscule 8
Frisaient les bouquets de nos seins ; 8
Son haleine encore y circule, 8
Et, leur félinant le satin, 8
Fait s'y pâmer deux renoncules. 8
15 Devant ce Maître Hypnotiseur ; 8
Expirent leurs frou-frou poseurs ; 8
Elles crispent leurs étamines, 8
Et se rinfiltrent leurs parfums 8
Avec des mines 4
20 D'œillets défunts. 4
LES JEUNES GENS
Des rêves engrappés se roulaient aux collines, 12
Feuilles mortes portant du sang des mousselines, 12
Cumulus, indolents roulis, qu'un vent tremblé 12
Vint carder un beau soir de soifs de s'en aller ! 12
LES COMMUNIANTES
25 Ah ! Ah ! 2
Il neige des cœurs 5
Noués de faveurs, 5
Ah ! Ah ! 2
Alléluia ! 4
LES VOLUPTANTES
30 Reviens, vagir parmi mes cheveux, mes cheveux 12
Tièdes, je t'y ferai des bracelets d'aveux ! 12
Entends partout les Encensoirs les plus célestes, 12
L'Univers te garde une note unique ! Reste… 12
LES PARANYMPHES
C'est le nid meublé 5
35 Par l'homme idolâtre ; 5
Les vents déclassés 5
Des mois près de l'âtre ; 5
Rien de passager, 5
Presque pas de scènes ; 5
40 La vie est si saine, 5
Quand on sait s'arranger. 6
Ô fiancé probe, 5
Commandons ma robe ! 5
Hélas ! Le bonheur est là, mais lui se dérobe… 12
LES JEUNES GENS
45 Bestiole à chignon, Nécessaire divin, 12
Os de chatte, corps de lierre, chef-d'œuvre vain ! 12
Ô femme, mammifère à chignon, ô fétiche, 12
On t'absout ; c'est un Dieu qui par tes yeux nous triche, 12
Beau commis voyageur, d'une Maison là-haut, 12
50 Tes yeux mentent ! Ils ne nous diront pas le Mot ! 12
Et tes pudeurs ne sont que des passes réflexes 12
Dont joue un Dieu très fort (Ministère des sexes). 12
Tu peux donc nous mener au Mirage béant, 12
Feu-follet connu, vertugadin du Néant ; 12
55 Mais, fausse sœur, fausse humaine, fausse mortelle, 12
Nous t'écartèlerons de honte sensuelles ! 12
Et si ta dignité se cabre ? À deux genoux, 12
Nous te fermerons la bouche avec des bijoux. 12
‒ Vie ou Néant ! Choisir. Ah ! Quelle discipline ! 12
60 Que n'est-il un Éden entre ces deux usines ? 12
Bon ; que tes doigts sentimentals 8
Aient pour nos fronts au teint d'épave 8
Des condoléances qui lavent 8
Et des trouvailles d'animal. 8
65 Et qu'à jamais ainsi tu ailles, 8
Le long des étouffants dortoirs, 8
Égrenant les bonnes semailles, 8
En inclinant ta chaste taille 8
Sur les sujets de tes devoirs. 8
70 Ah ! Pour une âme trop tanguée, 8
Tes baisers sont des potions 8
Qui la laissent là, bien droguée, 8
Et s'oubliant à te voir gaie, 8
Accomplissant tes fonctions 8
75 En point narquoise Déléguée. 8
LES COMMUNIANTES
Des ramiers 3
Familiers 3
Sous nos jupes palpitent ! 6
Doux Çakya, venez vite 6
80 Les faire prisonniers ! 6
LE FIGUIER
Défaillantes, les Étoiles, que la lumière 12
Épuise, battent plus faiblement des paupières. 12
Le ver-luisant s'éteint à bout, l'Être pâmé 12
Agonise à tâtons et se meurt à jamais. 12
85 Et l'Idéal égrène en ses mains fugitives 12
L'éternel chapelet des planètes plaintives. 12
Pauvres fous, vraiment pauvres fous ! 8
Puis, quand on a fait la crapule, 8
On revient geindre au crépuscule, 8
90 Roulant son front dans les genoux 8
Des Saintes Bouddhiques Nounous. 8
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