Métrique en Ligne
LAF_1/LAF8
Jules LAFORGUE
LE SANGLOT DE LA TERRE
1878-1883
SIESTE ÉTERNELLE
Le blanc soleil de juin amollit les trottoirs. 12
Sur mon lit, seul, prostré comme en ma sépulture 12
(Close de rideaux blancs, œuvre d'une main pure), 12
Je râle doucement aux extases des soirs. 12
5 Un relent énervant expire d'un mouchoir 12
Et promène sur mes lèvres sa chevelure 12
Et, comme un piano voisin rêve en mesure, 12
Je tournoie au concert rythmé des encensoirs. 12
Tout est un songe. Oh ! viens, corps soyeux que j'adore, 12
10 Fondons-nous, et sans but, plus oublieux encore ; 12
Et tiédis longuement ainsi mes yeux fermés. 12
Depuis l'éternité, croyez-le bien, Madame, 12
L'Archet qui sur nos nerfs pince ces tristes gammes 12
Appelait pour ce jour nos atomes charmés. 12
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