Métrique en Ligne
LAC_3/LAC134
Auguste LACAUSSADE
Les Épaves
1876
INSANIA
XVI
Dernier Adieu
Vous que j'ai tant aimé, ô vous dont l'œil m'évite, 12
Si le hasard encor me plaçait sur vos pas, 12
Tremblante, à mes regards ne fuyez pas si vite, 12
De moi ne vous détournez pas. 8
5 Ne vous détournez pas ! Dans sa noble innocence, 12
Mon cœur s'étonne et souffre au trouble où je vous voi. 12
Si d'un trop haut amour la femme un jour s'offense, 12
Je l'ignorais ; pardonnez-moi. 8
Ne vous détournez pas ! Votre trouble me blesse. 12
10 Un souvenir, des fleurs ne vous sauraient lier ! 12
Croyez à mon orgueil autant qu'à ma faiblesse : 12
J'aimai… mais je veux oublier. 8
Nul remords entre nous, nul secret, nul mystère ! 12
De ma douleur jamais vous n'aurez à souffrir. 12
15 Celui qui si longtemps sut aimer et se taire, 12
Se taira, — dût-il en mourir ! 8
L'amour a ses bonheurs ; hélas ! je les ignore. 12
L'amour a ses tourments ; je les ai trop connus. 12
Mais, je le sens au mal poignant qui me dévore, 12
20 Bientôt je ne souffrirai plus. 8
Que de jours, l'âme en proie à la mélancolie, 12
Me rappelant combien le sort te fut amer, 12
O Tasse ! ainsi que toi j'enchaînai ma folie 12
Dans un silence ardent et fier. 8
25 Est-ce ma faute à moi, dans une heure d'ivresse, 12
Si, vos regards troublant ma frêle volonté, 12
Votre main dans ma main, défaillant de tendresse, 12
Mon cœur sur ma lèvre est monté ? 8
Oubliez-le, ce mot, l'énigme de ma vie. 12
30 Votre instinct curieux, ô femme ! est satisfait. 12
A mon tour j'oublierai, chère et mortelle amie, 12
Le mal qui par vous me fut fait. 8
Allez en paix ! vivez ! Le monde vous réclame. 12
En riant foulez-y mon idéal cherché. 12
35 Oh ! vous saurez un jour, au vide de votre âme, 12
Sur quel cœur vous avez marché. 8
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