Métrique en Ligne
LAC_3/LAC118
Auguste LACAUSSADE
Les Épaves
1876
Préface
Souvent sur la grève natale, 8
Près du cap où le soir prolongeait sa rougeur, 12
Après la tourmente fatale, 8
Après l'âpre ouragan, j'errais seul et songeur. 12
5 En larges nappes apaisées, 8
La mer, la vaste mer, rentrait dans son repos. 12
Câbles rompus, vergues brisées 8
Déferlaient à mes pieds dans l'écume des flots. 12
O mer ! sous tes fureurs sauvages 8
10 Combien d'esquifs, combien de vaisseaux engloutis ! 12
Quelques débris sur nos rivages 8
Sont les seuls messagers de ceux qui sont partis. 12
Ils sont partis, le vent aux voiles, 8
A leurs mâts pavoisés le soleil radieux. 12
15 Puis la nuit vint, — nuit sans étoiles ! 8
Ils dorment maintenant sous les flots oublieux. 12
Pareil est votre sort, poètes ! 8
Vous partez : l'air est calme et le flot aplani. 12
Rêvant d'idéales conquêtes, 8
20 Vous rencontrez l'abîme en cherchant l'infini. 12
Comptant sur vos jeunes courages, 8
L'horizon vous fascine et vous quittez le port ; 12
Mais l'onde est fertile en naufrages, 8
Et j'y sais des écueils plus cruels que la mort. 12
25 Contre vous, la haine et l'envie 8
Au flot perfide, aux vents s'unissent, noirs corbeaux. 12
Dans les tourmentes de la vie 8
Vous sombrez et l'oubli disperse vos lambeaux. 12
Et, sur la grève solitaire, 8
30 Le rêveur attardé que la nuit a surpris, 12
Sous la houle au mouvant mystère 8
Voit dans l'ombre flotter vaguement vos débris. 12
Débris de cœurs vaincus, mais braves !… 8
Qu'ils racontent du moins vos destins submergés, 12
35 Vous dont il reste pour épaves 8
Des rêves, des espoirs et des chants naufragés ! 12
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