Métrique en Ligne
LAC_1/LAC6
Auguste LACAUSSADE
Les Salaziennes
1839
VI
A toi, toujours à toi
En vain sur la terre étrangère, 8
Le souffle d'un sort rigoureux 8
A poussé la barque légère, 8
Qui porte l'objet de tes vœux. 8
5 Son cœur que la vague incertaine 8
N'a jamais séparé de toi, 8
Rêvant à la rive lointaine 8
Où ton souvenir le ramène, 8
Revole à toi, toujours à toi ! 8
10 Aux lieux, où sa voix importune 8
Du ciel implore les faveurs, 8
Il est allé de la fortune 8
Cueillir pour ton front quelques fleurs ; 8
Et s'il gémit sur le veuvage 8
15 Des instants passés loin de toi, 8
Il espère un jour sans nuage ; 8
Et pour ranimer son courage 8
Il pense à toi, toujours à toi ! 8
Quand la nuit a ramené l'heure, 8
20 Où l'amour, aux jours d'autrefois, 8
Le conduisait vers la demeure 8
Où l'appelait ta douce voix ; 8
Son front pensif se décolore, 8
Il pleure… il est si loin de toi ! 8
25 Et quand revient briller l'aurore, 8
Les larmes qu'il répand encore 8
Coulent pour toi, toujours pour toi ! 8
D'une jeune et chaste tendresse 8
Son cœur t'a donné tout le miel, 8
30 Il n'a qu'un regard de tristesse 8
Pour les vierges d'un autre ciel. 8
Quand il voit la beauté sourire, 8
Douce et pensive ainsi que toi ; 8
Un nom sur ses lèvres expire : 8
35 Il se trouble et sa voix soupire : 8
Mais c'est pour toi, toujours pour toi ! 8
Sur les bords gazonnés des rives 8
Rêveur il vient s'asseoir souvent ; 8
Il plaint les feuilles fugitives 8
40 Qu'emporte la force du vent. 8
Son œil suit la nue inconstante 8
Qui semble s'envoler vers toi ; 8
Et si dans sa tristesse il chante 8
Une plainte vague et touchante ; 8
45 Elle est pour toi, toujours pour toi ! 8
De la muse qui le console, 8
Les accents lui sont toujours chers ; 8
Souvent avec elle il s'isole 8
Sur l'écueil baigné par les mers. 8
50 Dans la mousse la vague expire : 8
Il la contemple… il songe à toi. 8
Et ses doigts effleurent sa lyre, 8
Dont la triste voix qui soupire 8
Parle de toi, toujours de toi ! 8
55 L'oiseau qu'un ciel sévère exile 8
Du nid qui cacha ses amours, 8
Revole à son secret asile 8
Avec le soleil des beaux jours. 8
Celui qui te pleure en silence 8
60 Ainsi retournera vers toi. 8
Pour se consoler de l'absence, 8
C'est dans cette douce espérance 8
Qu'il pense à toi, toujours à toi ! 8
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