Métrique en Ligne
LAC_1/LAC21
Auguste LACAUSSADE
Les Salaziennes
1839
XXI
L'Oiseau
L'astre de la nuit s'avance 7
Dans l'azur pâle des cieux, 7
Voici l'instant du silence 7
Dans les bois mystérieux. 7
5 La brise du soir effeuille 7
La fleur éclose au matin, 7
A mes pieds glisse la feuille 7
Qu'emporte un souffle incertain. 7
Au bruit de l'eau sous l'ombrage 7
10 Dont la voix chante en coulant, 7
Au murmure du feuillage 7
Qu'agite un souffle inconstant ; 7
Pourquoi mêler une plainte 7
O triste et charmant oiseau, 7
15 Dont je vois l'image empreinte 7
Dans l'azur de ce ruisseau ? 7
Dis-moi pourquoi tu soupire 7
Ces mélodieux accords, 7
Dont le bruit plaintif expire 7
20 Parmi les fleurs de ces bords ? 7
Appelles-tu ta compagne, 7
Lui dis-tu que le soleil 7
Vient de fuir sous la montagne 7
Et nous invite au sommeil ? 7
25 Au doux nid qui vous rassemble 7
Qui s'oppose à son retour ? 7
Vous y reveniez ensemble 7
Au déclin de chaque jour. 7
Je le vois, seul en ces heures 7
30 Où règne la paix des nuits, 7
Ton cœur s'alarme et tu pleures 7
Le veuvage et ses ennuis. 7
Mais si quelquefois une ombre 7
Aux lieux qui lui furent chers, 7
35 Revient avec la nuit sombre, 7
Au bruit des tristes concerts ; 7
Errante aux pieds du vieux saule, 7
Sur les gazons et les fleurs, 7
Ta compagne se console 7
40 Aux doux chants de tes douleurs. 7
Car une larme qui tombe, 7
Un secret soupir de deuil, 7
Vont consoler dans leur tombe 7
Ceux qu'enferme le cercueil. 7
45 Il doit être doux d'entendre, 7
Dans le calme du trépas, 7
Une voix plaintive et tendre 7
Pour nous soupirer tout bas ; 7
Et de voir, dans cet asyle 7
50 Où l'homme est enseveli, 7
Tandis qu'un monde futile 7
Sur nous a jeté l'oubli, 7
Tous ceux dont notre tendresse 7
Avait captivé les cœurs, 7
55 Répandre dans leur tristesse 7
Des prières et des fleurs ! 7
Quand j'aurai quitté la terre, 7
Semblable au petit oiseau, 7
O ma sœur, viens solitaire, 7
60 Viens prier sur mon tombeau ! 7
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